Robert Ménard a beau marteler que sa candidature à la mairie de Béziers est « apolitique », il est aujourd’hui incontestablement devenu le candidat officiel de l’extrême droite. Frontistes, souverainistes, réactionnaires, identitaires, tous sont en rang serré derrière lui ! Le franc-tireur qu’il prétend être n’existe pas ou plus. En effet, il est aujourd’hui le lien qui uni le Debout la République de Dupont-Aignan, au Rassemblement pour la France de Philippe De Villiers et Christian Vanneste, au Front national des Le Pen, ou encore au Bloc Identitaire de Fabrice Robert et Philippe Vardon. "L’électron libre" est plus que jamais en passe de devenir le porte-parole des marchands de la haine.
L’extrême droite en rang serré derrière Menard à Béziers
Ce qu’il y a de plus frappant autour de la liste "Choisir Béziers", dont Robert Menard est le candidat, c’est l’unanimité qu’elle suscite du côté de l’extrême droite. En effet, elle est un véritable trait d’union local et national entre les différentes sensibilités de ce courant politique.
On retrouve tout d’abord, Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la République (DLR). Après avoir annoncé il y a un an être « ouvert au dialogue » avec le Front national, il avait finalement pris ses distances. Aujourd’hui, il appelle au rassemblement de « tous les patriotes » et décide finalement de faire un pas de plus vers l’extrême droite en soutenant le candidat du clan Le Pen. « J’ai moi-même conseillé à Robert Ménard de se présenter. (…) Il est vrai qu’il avait appelé à voter pour moi lors de la présidentielle ».
Le Rassemblement Pour la France (RPF) de Philippe de Villiers ayant lui aussi apporté son soutien à la liste du fondateur de RSF, Dupont-Aignan ne sera pas le seul souverainiste à se tourner vers le candidat d’extrême droite. L’ancien député vendéen a cependant lui décidé d’aller bien au-delà du simple appui. « Philippe de Villiers s’est en effet engagé personnellement auprès de Robert Menard à travailler avec lui si la liste "Choisir Béziers" devait l’emporter en mars prochain ».
Le président du RPF, Christian Vanneste, s’est quant à lui directement déplacé sur le terrain pour épauler celui qu’il juge comme « un personnage hors du commun ». Plus connu pour son homophobie délirante que pour sa fibre sociale, l’ancien député UMP n’a jamais caché la proximité idéologique de son parti avec l’extrême droite : « Nous avons, avec le FN, des valeurs de droite communes ».
De son coté le Front national a lui aussi, après négociation, décidé de ne pas présenter de candidat à Béziers afin de se rallier à la liste de Robert Menard. Louis Alliot et Marion Maréchal-Le Pen se sont déjà déplacés sur place, afin d’officialiser cette alliance et de « rassurer » l’électorat frontiste. Marine Le Pen devrait quant à elle en faire autant d’ici mars prochain.
Si le candidat biterrois a toujours refusé de se rallier au Rassemblement Bleu Marine, son affiliation à l’organisation parait évidente pour le vice-président du FN : « Il en est de facto ». Menard ne cache d’ailleurs pas sa proximité avec le Front. « J’ai rencontré Marion à la Manifs pour tous, au Printemps dernier. ( …) Nous partageons les mêmes valeurs. (…) Au fond nous disons la même chose ».
Au-delà de DLR, du RPF et du FN, le fondateur du site Boulevard Voltaire a aussi reçu le soutien du Bloc identitaire. Deux membres de l’organisation, Arnaud Naudin (rédacteur en chef de Novopress) et Christophe Pacotte (membre de la direction national) figurent même sur sa liste. «Ils nous aident dans la campagne. Ils sont les bienvenus». La présence des identitaires derrière Menard n’a rien de surprenant. On se rappelle notamment que le journaliste avait soutenu les militants de Génération identitaire mis en examen suite à l’occupation des toits d’une mosquée à Poitiers en octobre 2012. Il préside même depuis leur comité de soutien. Rien que ça !
Il est cependant cocasse de voir aujourd’hui le Front national soutenir une liste comportant des identitaires ! En effet, afin de ne pas ternir la nouvelle image qu’il tente de se forger, le parti de la famille Le Pen avait décidé de refuser l’adhésion de Philippe Vardon au Rassemblement Bleu Marine en octobre dernier. Officiellement donc, frontistes et identitaires ne feraient pas bon ménage. La réalité semble cependant bien différente, la campagne commune des deux mouvements derrière la liste "Choisir Béziers" en témoigne.
Les fréquentations nauséabondes de Robert Ménard
Les liens entre Robert Menard et l’extrême droite vont bien au-delà des partis précédemment cités. En effet, le journaliste est au cœur d’un réseau particulièrement nauséabond. Voilà déjà plusieurs années qu’ils s’affichent régulièrement avec les personnages les plus infréquentables qui soient.
Rien que ces derniers mois, on l’a vu au côté de Jacques Bompard, lors d’un colloque organisé à Orange, mais aussi du suprémaciste blanc Jean-Yves Le Gallou, lors d’une intervention devant son club de réflexion, ou encore auprès du fondateur de Riposte laïque, Pierre Cassen, lors d’une conférence de presse sur la liberté d’expression. En mai 2013, Serge Ayoub, le leader de Troisième voie, lui mettait même à disposition son bar et QG parisien afin qu’il puisse y tenir une conférence.
A l’époque où il présentait son émission sur Sud Radio, il avait déjà pris l’habitude de recevoir des personnages comme Alain Escada, le président de Civitas, Alain Soral, le fondateur d’Egalité et Réconciliation, le complotiste Thierry Meyssan ou encore "l’humoriste" Dieudonné. Concernant ce dernier, Robert Menard l’a toujours soutenu, au nom de la liberté d’expression. La récente polémique autour de la quenelle n’y a rien changé : « Qui doit être poursuivi ? Dieudonné ou ceux qui s’en prennent physiquement à ses défenseurs ? ».
Dans un article paru en juillet dernier, Rue89 rappelait aussi les liens qui unissent le candidat bitterois avec Denis Cheyrouze, l’un des cofondateurs de Boulevard Voltaire. Lié à l’Opus Dei, celui-ci s’est notamment fait remarquer à travers des tribunes islamophobes particulièrement violentes : « Jalouses des richesses spirituelles et matérielles des petites fourmis blanches sans en comprendre l’origine, les fourmis vertes essayèrent de nombreuses fois de s’accaparer la fourmilière blanche ».
Inutile de poursuivre tant la liste des fréquentations nauséabondes de Robert Ménard est longue. Une chose est sûre, à la vu de son incroyable réseau, il est plus que jamais entrain de faire son trou au sein de l’extrême droite.
Des propositions résolument d’extrême droite pour Béziers
Après tout ce que nous venons de voir, il n’est pas surprenant de découvrir que Robert Ménard ne propose ni plus ni moins qu’un programme d’extrême droite aux citoyens de Béziers. Les six priorités du candidat soutenu par le Front national sont les suivantes : combattre l’insécurité, baisser les impôts, lutter contre les quartiers-ghettos, assurer la propreté, redonner vie au centre ville et relancer l’économie et l’emploi. Au passage, il est surprenant de voir que celui qui se dit le candidat des « exclus du système » ne fait ni de l’action social, ni de la démocratie locale, ni du logement, des priorités.
Rien de bien nouveau en définitive. Le programme de "Choisir Béziers" n’est que la déclinaison locale des principaux axes de celui du Front national. On a tout d’abord remplacé la priorité nationale par la « priorité aux Biterrois ».
On a ensuite secoué l’épouvantail de l’immigration : « il faut cesser d’accueillir toute la misère du Languedoc-Roussillon et d’ailleurs », « de nombreux Biterrois on le sentiment de n’être plus chez eux », « les paraboles punaisent les façades d’immeubles occupés par des pauvres, des magrébins, des gitans. Les bourgeois ont fui. Les biterrois ne reconnaissaient plus leur ville ».
On a enfin joué sur la stigmatisation, en rendant encore et toujours les plus démunis responsables de tous les maux de la ville : « nous devons en finir avec la politique du logement social à tout va. Il faut cesser de favoriser l’accueil de personnes ne vivant que de minima sociaux ».
Au sujet des familles en difficulté justement, "Choisir Béziers" a décidé de jouer la carte de la division en opposant des familles qui seraient « méritantes » à d’autres qui ne le seraient pas. « Nous agirons donc auprès de ces familles. Nous tendrons la main à celles qui le méritent et qui veulent réellement faire au mieux. Pour les autres, nous avons un programme de lutte contre la délinquance… ». La coalition d’extrême droite propose même la « suspension de certaines contributions municipales aux familles refusant de se conformer au pacte républicain proposé par la commune ».
La question de l’insécurité tient bien évidemment aussi une place importante dans cette campagne. Sur ce sujet, la proposition phare de Robert Menard est d’ « armer nos policiers municipaux et les doter de matériel de défense moderne ». Rien que ça !
Concernant le développement économique de la ville enfin, le candidat autoproclamé « antisystème » n’a rien trouvé de mieux que d’aller présenter son projet devant le Medef local, le 13 janvier dernier. Ses propositions ont à coup sur dû ravir le patronat : « Nous devons offrir aux entreprises les meilleurs conditions d’implantation en termes de terrains, d’impôts… ».
En cas de victoire de Robert Menard, les Biterrois devront à l’évidence subir à leur tour ce que les citoyens de Vitrolles, de Toulon ou encore de Marignane ont subi pendant des années… Une politique municipale autoritaire, antisociale et discriminatoire.