Silo (Wool en anglais) est un phénomène littéraire depuis plusieurs mois. En effet, cette série de science-fiction, composée de 5 romans ou longues nouvelles, s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires au format numérique, exploit d’autant plus remarquable que Silo est un livre auto-édité. Son auteur, l’Américain Hugh Howey, est un écrivain amateur, qui, de son propre aveu, a été très surpris par son succès.
(Encore) une dystopie
C’est avec une grande curiosité que j’ai entamé la lecture de cet ouvrage. L’histoire est assez classique, il s’agit d’une dystopie : des humains vivent enfermés dans un gigantesque silo sous terre de 144 niveaux, l’atmosphère terrestre étant devenue toxique. Le seul contact avec le monde extérieur sont des caméras qui filment la surface de la terre au-dessus du silo, telles des périscopes. Les coupables de crimes et les exilés doivent sortir dehors pour aller nettoyer ces caméras. Mais il n’y a pas de retour possible dans le silo une fois que l’on en est sorti, ce qui condamne les nettoyeurs à une mort certaine. Après la mort du shérif Holston, qui a brisé le tabou suprême en manifestant sa volonté d’ « aller dehors », une série d’événements va perturber le monde si organisé du silo et amener les personnages à se poser ces questions : pourquoi la surface est-elle devenue inhabitable ? Quels secrets renferment le monde extérieur ? Comment et pourquoi le silo a-t-il vu le jour ?
Une histoire bien menée, un univers assez cohérent mais une fin très décevante
J’ai été dès les premières pages frappé par la maturité de l’écriture. Le style de Hugh Howey est à la fois plaisant et fluide, sans pour autant être simpliste ou aride. L’intrigue est bien menée et l’univers du silo, très étrange et particulier aux premiers abords, est décrit de manière crédible (et on pardonne à l’auteur les zones d’ombre et étrangetés que l’on peut déceler). Cependant, l’auteur adopte un style de plus en plus « cinématographique » à mesure que l’histoire progresse (chapitres courts, descriptions de scènes sur une période de temps réduite…). De même pour l’histoire, le suspens devient de plus en plus intense et l’intrigue est bien menée mais aux deux tiers du livre, on assiste à une débauche d’actions et des rebondissements superflus, au détriment de la psychologie des personnages. La fin est malheureusement très décevante et j’ai eu le sentiment que l’auteur a cédé à la facilité en négligeant les explications et en précipitant les événements. Dommage.
Un succès d’autoédition majeur
Pour un livre auto-édité, Silo est plutôt de bonne facture et je me réjouis qu’un tel livre ait connu un si vif succès, aussi bien pour la science-fiction que pour l’autoédition. En France, la sortie du livre a été accompagnée d’une forte campagne de promotion de l’éditeur Actes Sud, qui a acheté les droits pour la version française et qui par la même occasion s’est lancé dans l’édition d’ouvrages de science-fiction. D’après la page Wikipédia du livre, 20th Century Fox a acheté les droits pour le cinéma et Ridley Scott pourrait réaliser l’adaptation. Affaire à suivre donc…
Hugh Howey, un auteur heureux