J’avais la perspective d’un bel après-midi d’été à tuer au bord d’une piscine et il me fallait un livre à dévorer rapidement. Je dois l’avouer c’est peut-être ce petit dessin de flamand rose (mais orange) des éditions Alma qui m’a attirée. Et puis ce titre, court et intrigant. « Les Fuyants ».
Précisément, c’est l’histoire d’une fuite. Une fuite à contre temps, l’histoire de quatre personnages qui prennent tour à tour la parole. La forme est parfois celle d’un journal intime parfois d’un roman plus classique. Un rythme soutenu, des personnages ou plutôt des personnes, des vraies, de chair et d’os, qu’on pourrait croiser, à qui l’on s’attache dès les premiers mots.
Joseph, David, Simon et Jacob. Quatre hommes d’une même famille, trois générations, et un même attrait vers le malheur. L’ado fuit ses semblables et se réfugie dans l’univers du web, tout en se questionnant sur le départ de son père, qui a préféré se suicider que survivre à un amour malheureux, l’oncle fuit son âge et le grand-père a quitté une vie trop rangée, ce qu’il finit par regretter, un peu trop tard sans doute. Plus que cela même, ces hommes fuient leur responsabilités, leurs sentiments, leur passé, leur présent, ils se fuient les uns les autres sans parvenir à créer de relations. Une caractéristique masculine concluront certains ; on est loin des héros ou des chevaliers des temps modernes, leur attitude n’est pas ici synonyme de liberté mais plutôt d’abstention.
Attention toutefois, on est loin d’un roman noir, entre le suicide à l’insecticide et les rêves d’un ado-anarchico-pirateweb, le tout est traité avec légèreté. Cette lecture est une parenthèse, pas une histoire à part entière mais un moment partagé avec humilité, sans leçon de vie, sans prétention.
Un livre tragicomique où le sordide côtoie la poésie, le tout un sourire en coin, comme un clin d’oeil de l’auteur à la dérobée. L’ouvrage se termine d’ailleurs par un petit mot d’Arnaud Dudek, cet illustre inconnu pour moi, ce jeune auteur qui en est à son deuxième livre.