Alimentée par des faits authentiques, ce récit qui traite de la guerre 14-18 invite à suivre les aventures de Charly Bourne : un jeune « Tommy » de 16 ans qui, en mentant sur son âge, se retrouve au front, à quelques jours de la terrible bataille de la Somme. Le fait de suivre les pas de ce jeune britannique un peu stupide, mais courageux et foncièrement bon, permet non seulement de plonger le lecteur dans le quotidien de la Première guerre mondiale, mais surtout de lui faire découvrir le point de vue anglais.
Après avoir relaté la fameuse bataille de la Somme et s’être intéressé d’un peu plus près à l’armée française lors de la bataille de Verdun, Pat Mills revient auprès des troupes britanniques lors du printemps 1917. La permission de Charly Bourne à Londres prend donc fin après une dernière arnaque de son beau-frère et l’auteur décide d’envoyer son héros sur le front des Flandres, au cœur de la saillie d’Ypres.
En réintégrant son unité, Charly retrouve d’anciens compagnons d’armes tels que le lieutenant Snell, Smith le mitrailleur, Grogan la brute et même le cheval blanc Warrior. Du haut de ses dix-sept ans, Charly fait maintenant figure de vétéran au milieu des nombreux bleus venus renforcer les troupes décimées par les précédents combats. De plus, Charly obtient un nouveau rôle en tant qu’aide de camp de l’impitoyable Snell. En attendant les prochains combats contre les Allemands, l’auteur se concentre sur le quotidien des soldats. S’il dénonce une nouvelle fois les différences qui existent entre les classes sociales, les relations entre bleus et vétérans semblent souvent aussi tendues que celles entre officiers et soldats.
Si le réalisme de ces scènes tirées de faits réels impressionne, c’est surtout l’humanité dégagée par cette œuvre qui fait mouche. Au sein de la Grande Histoire, Pat Mills invite en effet à découvrir les petites histoires de simples soldats. Multipliant les détails et les anecdotes (comme celle où des soldats essayent d’attraper la rougeole afin d’obtenir leur « blighty »), Pat Mills restitue la dureté du conflit avec grand brio. Le graphisme noir et blanc de Joseph Colquhoun fourmille de détails et contribue également à dépeindre le quotidien des tranchées avec énormément de réalisme. Quant aux quelques pages en couleurs présentes dans ce tome… elles démontrent surtout que parfois, c’est quand même mieux de lire une BD en noir et blanc.
Une saga incontournable pour tous les amateurs de récits de guerre et un album que vous retrouverez dans mon Top comics de l’année !