Ariel Sharon : le criminel oublié" border="0" title="INTERNATIONAL > Ariel Sharon : le criminel oublié" />
Ariel Sharon
Israël rendait hommage dimanche dernier au général Ariel Sharon, "héros" selon les médias, "criminel de guerre" pour les Palestiniens, dont le cercueil était exposé devant le Parlement à Jérusalem. Huit généraux de l’armée israélienne ont porté la dépouille, enveloppé du drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David, tandis que des prières funéraires étaient psalmodiées.Sharon "l’homme du dialogue" ? - L’un des fondateurs en 1971 du Likoud et le déclencheur de la seconde Intifada en septembre 2000, suite à sa provocation de l’esplanade des Mosquées, appelait à l’affrontement. L’homme en fut récompensé en mars 2001 par un poste de Premier ministre, fonctions qui l’autoriseront de facto à faire voter par la Knesset la construction d’un mur de sécurité long de 700 km -le "Mur de la Honte" le bien nommé- séparant Israël de la Cisjordanie tout en empiétant substantiellement au passage sur les territoires occupés. Sharon n’eut dans ce registre peur de rien, pas même d’encercler durant cinq mois la Moukhata, le siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah avec à l’intérieur son président Yasser Arafat qui ne retrouvera de réelle liberté de mouvement qu’en octobre 2004 pour venir mourir le 11 novembre à Clamart près de Paris.
C’est en criminel qu’Ariel Sharon a commencé sa carrière militaire. Nous ne relaterons pas tous ses hauts faits d’armes, mais un parmi tant d’autres, afin de prendre la mesure de l’homme. Le 14 octobre 1953, Sharon à la tête de la Force 101 au cours de l’opération Shoshana va dynamiter le village de Kibia [Qibya], soit 45 maisons, une école et une mosquée. Il s’agissait d’exercer des représailles pour le meurtre d’une femme et de ses deux enfants… assez loin de là dans les faubourgs de Tel-Aviv. Soixante-neuf civils périront, principalement des femmes et des enfants. Sharon se justifiera dans son journal en arguant qu’il avait reçu des ordres lui intimant d’infliger de lourdes pertes aux habitants du village et en se déclarant convaincu d’être face à des maisons vides de leurs habitants. En réalité, selon un observateur des Nations Unies, le contre-amiral Vagn Bennike, Sharon fit ouvrir le feu sur les maisons pour interdire toute fuite à leurs occupants. Telle est la signature du héros dont la disparition est saluée partout dans la sphère occidentale.
L’homme fut aussi le politique ambitieux qui eut, aux dires de ses lèche-bottes pas tentés, suffisamment de résolution pour expulser en août 2005 les colonies sauvages de la Bande de Gaza, histoire d’en rendre la jouissance sans partage aux Gazaouis. La Bande était ingérable, et ce ne fut que pour transformer le territoire en quasi "camp de concentration" à ciel ouvert. Un enclos où les armes inventées par les ingénieurs hébreux pouvaient être expérimentées sous couvert de réponse à tel ou tel incident. Pour vanter les mérites d’une arme encore faut-il en faire la démonstration : fusil d’assaut à tirer dans les coins, drones tueurs, bombes à vapeur de métal, nuées ardentes de phosphore blanc… Ouvrez le catalogue des marchands de mort, c’est "édifiant" au-delà de toute attente.
Les charges qui ont toujours pesé sur Sharon sont lourdes. Une plainte avait été déposée pour crimes de guerre et contre l'humanité par diverses parties. Et ses "amis" n’avaient pas hésité à éliminer physiquement tous ceux qui auraient voulu témoigner contre lui.En janvier 2006, il succombe à une hémorragie cérébrale mais sera maintenu en survie artificielle jusqu’au 11 janvier 2014. Il n’aura donc pas pu assister à la déconfiture de Tsahal durant la deuxième guerre du Liban et le sixième conflit israélo-arabe. Israël s’en tire peu glorieusement après avoir procédé -le cessez-le-feu étant proclamé- au largage de quelque 700 000 sous-munitions anti-personnel, lesquels s’avèrent mortelles encore aujourd’hui.FG