Forcément cela augure de drôles de prochains rendez-vous même si l'on peut penser que pour le 14 juillet, il optera sûrement pour Versailles. Et au 15 août ? on se perd en conjecture mais je le vois bien aller à Brégançon saluer l'Assomption du débarquement en Provence...
Au-delà de ces jongleries curieuses c'est de fait le fond qui interpelle.
Que l'on décentralise désormais les cérémonies pour "marquer de façon plus forte les esprits", c'est en soit louable surtout qu'après un an d'exercice c'est bien la seule chose qui soit décentralisée..
Ce concept de vraie France inquiète tout de même, déjà car il suppose l'existence d'une fausse France que je peine à définir :
"La vraie France, la France éternelle, elle n'était pas à Vichy, elle n'était pas dans la Collaboration. La vraie France, la France éternelle, elle n'était pas dans la Milice. La vraie France, la France éternelle, elle avait avant tout la voix du Général de Gaulle, (...) elle avait le courage de Jean Moulin (...), le visage lumineux de Germaine Tillion, de Lucie Aubrac, d'Honoré d'Estienne d'Orves, de Tom Morel, du commandant Kieffer"
Notons que c'est bien facile de résumer aussi radicalement l'Histoire. Honorer c'est bien, encenser, magnifier, c'est beaucoup plus délicat. On retrouve un peu de ce qui fait le quotidien américain, les bons c'est nous, les autres sont les méchants...Le 6 juin 2007 ici même je rendais hommage au commando Kieffer, ces 177 représentants français acteurs du débarquement au milieu des 156 000 étrangers. En faire aujourd'hui le bras armé de la France c'est quand même gonflé.
"Nous ne célébrons pas seulement une victoire militaire, nous célébrons avant tout une victoire morale".
En fait pouvons-nous, nous français célébrer un victoire militaire, non, il est plus simple de se ranger du côté de la morale, bien plus malléable... et moins dangereuse ! 177 ont débarqué, des millions les soutenaient... moralement.
"... la France dont nous pouvons apprendre à nos enfants à être fiers, la vraie France, elle n'était pas à Vichy, elle n'était pas dans la collaboration"
Un passage curieux puisqu'il s'agit de pouvoir apprendre aux enfants (ce qui suppose que sur d'autres sujets on ne peut pas) à être fiers notion historique assez singulière. Faut il en conclure que lorsqu'il n'y a pas lieu d'être fier, on ne peut pas apprendre ?
Le 8 mai 1945, en Algérie se déroulèrent les massacres de Sétif et Guelma qui firent sûrement près de 20 000 morts civils perpétrés par l'armée française. Ils revendiquaient pour leur liberté...
Bref je ne suis pas emballé, loin de là par cette posture complaisamment qualifiée de gaulienne
parce qu'elle se rapproche des positions prises par le Général de Gaulle le 25 août 1944 qui saluait « Paris libéré », « Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle ».
Mais alors De Gaulle se devait de rassembler tout autant que de préparer l'après-guerre, il y avait donc une légitimité historique et politique à ce raccourci.
La polémique actuelle sur l'exposition photographique "Paris sous l'Occupation" est à ce titre bien savoureuse... elle qui vient d'être rebaptisée à la hâte "Des Parisiens sous l'Occupation" pour qu'on ne généralise pas cette image aseptisée, paisible et collaborationniste de la vie parisienne...
Depuis et après un Mitterrand bien discret sur cette période trouble qui le troublait tout autant, Jacques Chirac avait accomplit une vraie rupture celle là dans son discours du 16 juillet 1995, prononcé à l’occasion de la commémoration des rafles dites du Vel-d’Hiv de 1942 : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français », « la France, patrie des Lumières et des droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux ».
On est loin aujourd'hui de ce regard objectif. Après Les Glières, Guy Mocquet, mais aussi après avoir voulu imposé le culte de la Shoah dans les écoles, Nicolas Sarkozy revisite l'histoire à sa façon. Boudé par l'opinion, jugé non crédible, le voilà à la recherche d'une stature ou du moins d'une autre attitude. Déjà dans les milieux journalistes autorisés, des voix (collaboratrices ?) saluent l'évolution. Comme si ce changement de paraître était une fin en soit...
Mais pour ses petits besoins personnels doit il donc réviser l'histoire de France. Croit il donc ainsi s'attirer les bonnes grâces d'une opinion à qui il donnerait une bonne conscience pour pas cher ?
Cela manque décidément de l'essentiel : d'une vision.
Un an après son 8 mai maltais, il aurait mieux fait d'aller à Orléans, comme tout nouveau président. Mais bon il aurait fait de Jeanne d'Arc l'image de la France résistante aussi...
"En France, nous préférons souvent ne pas savoir. Les non-lieux de la mémoire abondent. Et les amnisties. L'essentiel, c'est que la mémoire conduise à lutter contre les crimes en train de se commettre. A partir de la compréhension pour la souffrance de groupes humains auxquels on n'appartient pas. "
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