Magazine Journal intime

Ship of Fools

Par Eric Mccomber
Y a un type, l'été dernier, un gars de NY. Il m'a demandé de soumettre des chansons à son label. Un pétain de gros truc, son label. Je bosse là-dessus depuis. J'ai eu bien de la peine à mettre mes idées en place lors de mon court mais violent exil en banlieue de Paris. Là, de retour dans mes pénates, avec des plaies toutes fraîches et bien nettes, installé dans ma cabine de pilotage, c'est hyper limpide. Les pièces sortent à un rythme effarant. Je suis content de ce qui jaillit de moi. Je bosse avec deux hommes droits comme des flèches, Christophe Micou, luthier et amoureux comme moi des musiques simples et accrocheuses, ainsi que le grand Henri DiCristo, ingé-son réputé et co-concepteur de mon studio de réalisation (Studio Bangratz, Sauve, Gard, 1000€ semaine logement inclus, appeler ma secrétaire le lundi matin entre 9h et 10h).
C'est la troisième fois dans ma vie que je reçois une telle invitation aux « grosses ligues ». La première fois, je ne suis pas allé au rendez-vous. J'étais tellement un génie, tout allait tellement me tomber tout cru dans le bec, pfft, pas besoin de me bouger le popotin. La seconde, dix ans après, j'étais légèrement moins imbu, mais toujours aussi con. On a effectivement proposé nos morceaux, mais «pas les tubes potentiels». Nous étions tellement certains de devenir des stars mondiales, que nous nous étions mis en tête de contrôler le phénomène et de faire en sorte de ne devenir que des stars moyennes, avec bons revenus, super concerts, et pas trop de pression médiatique, etc. Même un des membres du band qui avait ajouté «jamais de tournées l'hiver». La réponse (peut-être, mais nous voulons en entendre plus) nous avait vexés à mort. Fini, tout ça, nous allions tous crever dans le caniveau, plutôt que de s'abaisser à envoyer d'autres chansons à ces ignares. Nous ressemblions énormément aux pirates d'Astérix, qui préfèrent défoncer la coque du navire, plutôt que d'affronter encore une fois un destin invincible.
Cette fois, c'est différent. Je crois que le monsieur qui m'a fait signe l'été dernier a sans doute déjà oublié que j'existe. Mais je m'en tape. Voyez-vous, le fait que ça soit possible, a suffi. Du coup, voilà, j'ai trouvé un mec génial avec qui bosser sur des chansons hyper sympas. Dans le sens de mélodies, d'influences, etc. Notre idée a été de rebrousser chemin jusqu'à retrouver des pistes abandonnées vers le début des années soixante-dix, quand tout était encore possible. Nous reprenons par là en croyant que le rock a perdu sa route, mais qu'il n'est peut-être pas trop tard pour retourner aux sources, aux vallées verdoyantes. Nous aimons les racines. Tout part du blues et nous appliquons des torsions ici et là. Sur la forme, sur le fond, sur l'emballage. On se fait plaisir, mais en même temps, on se soucie de mettre des poignées aux valises et des lingettes dans les toilettes des dames, si vous voyez ce que je veux dire. Bref. Nous avons terminé une première version d'un premier mix cette semaine. Il y a en tout 14 chansons en route.
On a décidé avant-hier qu'on allait appeler ça Ship of Fools. J'ai bizouné une image vito-presto. Pas sûr que le nom va rester. Mais le reste, enfin, les musiques, les textes, tout ça, fait l'objet d'un effort très concentré et opiniâtre. Si cette troisième porte se referme sur mes doigts, je ne pourrai pas blâmer ma stupide vanité, mon inaction, ou ma foi imbécile dans un destin qui, comme la suite s'est attachée à bien me le frotter au visage, n'avait rien de royal, de glorieux… ou de facile.
Un petit mot sur la langue du projet.
It's in english. 
http://shipoffoolsband.blogspot.fr/

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