De: Delphine de Vigan
Quatrième de couverture de JC Lattès: Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu’au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l’attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n’ait été dit, sans raison objective, Mathilde n’a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu’elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.
Ma chronique:C’est le premier livre que j’ai lu de l’auteure;et j’en ressors plutôt mitigée voir déçue.Le livre est très bien écrit mais en vue du final et de l’ensemble,je reste surtout sur ma faim.J’avais bien conscience que je n’étais pas dans un livre de Nicholas Sparks mais je m’attendais à quelque chose de plus abouti.J’ai eu l’impression que l’auteure touchait des choses non-dites,importantes mais qu’elle restait parfois à la surface des choses et dans la retenue.
Par ailleurs,dés le début l’histoire tourne autour de ce 20 mai,jour où Mathilde doit rencontrer quelqu’un qui changera sa vie.Le lecteur sait d’avance de qui il s’agit et bien sûr,ce dernier n’aura de cesse d’attendre cette rencontre pas forcément amoureuse mais une interaction entre les deux solitaires.Et plus le roman avance plus on est impatient d’autant plus que cette rencontre ne vient pas.Alors,le lecteur se demande au final quel est l’intérêt de les faire se croiser si c’est pour les séparer la minute d’après?On nous présente cette rencontre comme extraordinaire enfin je l’ai vu comme çà et finalement,çà en devient banal ce 20 mai en question.Je sais que la vie n’est pas un film,qu’il n’y a pas toujours de héros juste des anonymes du quotidien qui se battent contre le monde et eux-mêmes.Aussi,je m’attendais pas à quelque chose de magique mais d’un électrochoc(encore une fois pas amoureux)qui ferait que ces deux solitaires se reconnaîtraient dans leur douleur et s’en sentiraient apaisés,rassurés.Sans mot rien qu’avec un regard une sorte d’accord tacite qui les ferait se sentir moins seuls dans cette jungle humaine.
Généralement,je ne suis pas toujours fan des récits à plusieurs narrateurs car je trouve cela très inégal comme le cas ici.Je m’explique j’étais plus souvent contente de retrouver Mathilde que Thibault.Sur la fin,ce dernier avait tendance à m’agacer avec sa Lila par-ci par-là.En revanche,Lila m’intéressait et j’aurais aimé savoir pourquoi elle n’avait rien à offrir,pourquoi elle restait raide,les bras pendants ,lorsque Thibault la prend dans ses bras.Est-ce parce que Thibault n’était pas le bon?Ou n’était-ce tout simplement pas le bon moment?Quant à Thibault,il donne l’impression d’être blasé,de ce qu’il voit de ce qu’il vit.Il est comme déconnecté de lui-même et du monde extérieur.Sa vie tournait autour de Lila,il s’y accrochait peut-être pas par amour mais pour ne pas tomber.Il croyait sûrement qu’avec elle la vie serait moins triste,la ville moins étouffante moins destructive.
En ce qui concerne Mathilde,je l’ai trouvé plus intéressante plus touchante.Je me reconnais davantage en elle dans son incapacité à pouvoir réagir.Elle livre ses forces ses faiblesses sans contrepartie au lecteur.La cause de son mal être nous indigne et on se demande comment on peut en arriver là.A travers son personnage,c’est le monde impitoyable de l’entreprise qui nous est montré du doigt.On se rend compte que la loi du plus fort est toujours celle qui gagne même si elle a tous les tords.Et,ce mal dont Mathilde est la victime et dont personne n’ose prononcer le nom pas même elle.Oui,harcèlement moral est un sujet encore tabou et encouragé volontairement ou non par l’entreprise.Tout le monde ferme les yeux pour garder sa place,tout le monde préfère regarder ailleurs alors que Mathilde est en totale souffrance.Cet égoïsme continue dans les galeries souterraines où grouillent les anonymes du quotidien.Chacun se bat pour sa propre survie,chacun a son propre code et en gros,si tu es faible tu dégages.On ne regarde pas plus loin que ses propres souliers,on se contente tout comme Mathilde de porter seules ses souliers de plombs et d’avancer encore et toujours sans se retourner.
Dans l’ensemble,j’ai trouvé que Les Heures Souterraines manquait de quelque chose,le truc en plus qui aurait fait de lui un roman intense,bouleversant.Mais ce n’était peut-être pas le but ici,peut-être que l’auteure a tout simplement voulu mettre en avant les invisibles,les (vrais) héros du quotidien sans fioriture aucune.Et,c’est plutôt pas mal réussi!