lorsque nous arrivons au village de Chatra, la récolte du riz est terminée.
Jeudi 16 janvier 2014, nous partons, notre petite équipe accompagnée de deux travailleurs sociaux, Birendra et une femme sympathique et résolue, pour une centaine de kilomètres à travers la campagne du Jharkhand pour rencontrer des dalits ou intouchables, vivant dans des villages reculés et oubliés du gouvernement indien. Oubliés, oui, car pas de route, pas d’électricité, l’école à deux kilomètres, dans le premier village. Un groupe de femmes nous accueille dans le village de Chatra et la présidente du premier groupe appelé le Siv Guru, nous présente leurs activités pour leur assurer une vie minimum avec leur famille. Elles ont fondé à dix-sept une banque de grains et d’argent : tous les jours elles mettent dans un pot en terre une poignée de riz. Tous les quinze jours elles se réunissent pour mettre en commun leur « butin » ainsi que 25 roupies chacune (30 centimes d’euro) qu’elles déposent sur un compte spécial. Elles arrivent ainsi à obtenir 900 kg de riz par an qu’elles revendent moitié du prix officiel aux villages les plus pauvres autour de chez elles. Mais combien de kilos de riz sont nécessaires tous les mois pour une famille de sept, les parents et cinq enfants, ce qui semble inférieur à la moyenne dans ce village ? Et bien, un minimum de quatre-vingt-dix kilos ! Ce qui fait plus de quatre cents grammes de riz par personne et par jour, c’est l’essentiel de leur nourriture.le groupe des femmes avec devant les deux présidentes des groupes qui
nous présentent leurs activités et la "banque de grains"
la présentation du matériel de cuisine à louer pour les fêtes
Le second groupe qui s’appelle « Puja » est composé de seize femmes et travaille sous forme de coopérative. Elles cherchent surtout à avoir des revenus réguliers. Elles ont commencé a ensemencé deux petites mares tout près, l’une avec 15 kg de semences de poissons, l’autre avec 6 kg, poissons qui une fois devenus gros seront vendus sur le marché local. Elles ont également créé des décorations d’intérieur en bambou et les vendent sur le marché. Elles ont investi deux mille roupies pour cet artisanat qui leur rapporte trente mille roupies de profit pour trente familles concernées. L’assemblée des femmes se réunit une fois par mois dans ce village et répond aux problèmes qui se posent à la communauté, comme la famille d’un garçon qui demande trop de dot à la famille de la fille. Par exemple dans ce cas c’était une moto et deux cent mille roupies (2500 euros) ce qui obligeait la famille de la fille à vendre leur terre ou à emprunter à un usurier jusqu’à la fin de leur jour et celle de leurs enfants. Le problème de la dot est toujours aussi crucial en Inde surtout rurale et c’est cela qui maintient le sacrifice des filles. Dans ce village, j’ai posé la question, des femmes ont avoué avoir tué des filles car elles en avaient déjà une ou deux et voulaient avoir seulement un garçon. Cette assemblée de femmes peut intervenir aussi pour aider à des conflits familiaux.
Les femmes voudraient pouvoir faire de l’agriculture biologique sur un petit terrain communal en friche. Mais il faudrait d’abord prévoir l’irrigation et il faut du matériel spécifique pour creuser et elles n’ont pas l’argent pour le faire. Mais cela fait trois ans qu’elle demande ce terrain au gouvernement local sans jamais avoir obtenu de réponse malgré leurs relances. Il faut dire qu’elles n’ont pas proposé de payer le fonctionnaire… Si les hommes du village les soutenaient, elles apprécieraient.
A suivre pour le 2e village… mais après la visite du premier nous allons nous restaurer dans une petite gargotte près d'un temple à Siva et Durga.
la préparation de nos chapatis
et mon fidèle Polo qui lorgne sur mes frites !