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« L’âme de Kôtarô contemplait la mer » de MEDORUMA Shun

Par Pierrec

« L’âme de Kôtarô contemplait la mer » de MEDORUMA Shun

Mon avis : 

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mabuimabuiaaman

Yoshiaki (le père) et Takashi (le fils) sont tous deux de grands amateurs de combats de coqs. Yoshiaki élève des coqs dans le but de les faire concourir dans ces nombreux combats organisés dans les gallodromes de l’île d’Okinawa. À l’été de la cinquième année d’école primaire de Takashi, son père lui offre un poussin dans le but qu’il l’élève lui-même et qu’il en fasse un coq de combat. Le jeune garçon le nomme Aka et met toute sa bonne volonté pour qu’il devienne le meilleur combattant et que son père puisse être fier de lui. Dès qu’Aka est prêt, Yoshiaki commence à emmener le coq aux combats pour l’évaluer lors de vrais affrontements. Très rapidement, la réputation d’Aka se répand chez les parieurs qui se mettent à venir de plus en plus nombreux afin de suivre le nouveau prodige.

Un jour, alors que Takashi nettoie la volière, un certain Satohara demande à voir le coq. Après l’avoir observé minutieusement, il demande à Takashi de le lui vendre, ce qu’il refuse catégoriquement. Mais ce que le jeune garçon ignore, c’est que ce que veut Satohara, il finit toujours par l’obtenir, et ce par n’importe quel moyen.

On retrouve dans ce recueil de 6 nouvelles ce qui caractérise très exactement l’œuvre de Medoruma et ce qui le distingue des autres auteurs japonais contemporains, à savoir que Medoruma est à la fois un intellectuel averti et un conteur hors-norme très proche de son archipel natal et de ses petites gens. Ce qui pourrait paraître paradoxal est, dans les récits de Medoruma, d’une cohérence telle que le lecteur n’y voit que du feu. Ses expériences constantes dans la technique narrative se fondent admirablement bien dans des récits tirés de la vie des gens de condition modeste. On retrouve dans le premier récit de ce recueil « Mabuigumi : L’âme relogée » un agriculteur-pêcheur qui se trouve dans un coma profond après avoir laissé s’échapper son âme. Medoruma choisit intentionnellement d’avoir comme base à ce récit onirique et philosophique un foyer des plus humbles. La force de ses récits est d’élever, ou plutôt de mettre à sa juste valeur, l’être humain d’où qu’il vienne et ici en l’occurrence les gens d’Okinawa.

Les récits de Medoruma donnent un nouveau souffle à la littérature japonaise qui se confine généralement à Tôkyô ou à d’autres grandes villes du pays. Chez lui, la situation géographique et historique d’Okinawa apporte une approche différente de la littérature japonaise. Son onirisme est plus dû au folklore local qu’à une envie (ou une obligation) de répondre à une demande de réaliser une œuvre typiquement japonaise. Les fantômes, les âmes, les spectres que l’on peut rencontrer dans les écrits de Medoruma proviennent directement du folklore d’Okinawa et non pas d’un style littéraire issu d’une longue lignée d’écrivains japonais, qui aurait perdu l’essence même de sa légitimité.

L’écriture, même si elle est le résultat d’un travail profond, cultivé et intelligent, reste une écriture agréable, fine et légère ; ce qui est un réel exploit. Le lecteur se laisse facilement entraîner dans les méandres de tous ces mots étranges, de tous ces personnages que l’auteur décrit à la perfection en quelques coups de plumes, et de tous ces endroits exotiques qui ont bercé l’enfance de l’auteur qui rend poétiquement la vision qu’il en avait lorsqu’il était enfant.


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