Accidents de la route, chutes et blessures sportives, les causes de traumatisme crânien sont multiples et majoritairement évitables. Ce risque de décès prématuré multiplié par 3, en cas d’antécédent de lésions cérébrales traumatiques, majoritairement lié aux altérations possibles du jugement, engage donc à prendre toutes les mesures de protection possibles. Des données publiées dans l’édition du 15 janvier du JAMA Psychiatry.
Le traumatisme crânien peut avoir des conséquences très graves, comme une fracture du crâne, une hémorragie interne et/ou une perte de conscience prolongée. Or, alors que le nombre de commotions cérébrales nécessitant l’hospitalisation est estimé chaque année à près d’1 million pour l’Europe et 1,7 millions aux Etats-Unis –où des sports violents sont plus largement pratiqués-, les auteurs montrent ici que même des lésions cérébrales mineures ont un impact significatif sur la mortalité précoce et que les victimes de commotion, même légère, sont plus à risque de suicide et de blessures mortelles.
Pour parvenir à cette estimation du risque de décès prématuré (défini comme avant 56 ans), les chercheurs de l’Université d’Oxford et de l’Institut Karolinska (Stockholm), ont examiné les dossiers médicaux de 218.300 victimes de commotion cérébrale, de 150.513 frères et sœurs de ces victimes et, à titre de groupe témoin, de plus de deux millions personnes appariées par sexe et par âge.
Leurs conclusions sont sans ambiguïté :
· Les survivants à 6 mois de tels chocs ont 3 fois plus de risque de décès prématuré qu’en population générale,
· et toujours 2,6 fois plus de risque que leurs frères et les sœurs (qui présentent les mêmes facteurs génétiques),
· 2 fois plus de risque de suicide vs leurs frères et les sœurs.
Suivre ces patients sur le long terme : Le Dr Seena Fazel du Wellcome Trust précise que les survivants de traumatismes crâniens qui ont aussi une histoire d’abus de substances ou de troubles psychiatriques sont encore plus à risque de décès prématuré. Elle suggère que l’augmentation du risque de décès prématuré pourrait être liée aux dommages aux zones du cerveau impliquées dans le jugement, la décision et la prise de risque et donc globalement, à une altération du jugement.
En conclusion, alors que la prise en charge actuelle des lésions cérébrales traumatiques se concentre sur le traitement immédiat et la récupération des patients, les auteurs appellent à suivre ces patients comme s’ils souffraient d’un trouble chronique, sur le long terme, et de surveiller les symptômes de dépression, de toxicomanie et d’autres troubles psychiatriques.
Source: JAMA Psychiatry January 15, 2014. doi:10.1001/jamapsychiatry.2013.3935Suicide, Fatal Injuries, and Other Causes of Premature Mortality in Patients With Traumatic Brain InjuryA 41-Year Swedish Population Study (Visuel © pio3 – Fotolia.com)
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