Les matinales des radios et des télévisions ont abondamment commenté la conférence de presse de François Hollande tenue la veille. Les tribus médiatiques s’accordent à souligner que le Président s’est engagé dans un tournant majeur de sa politique économique. Raffarin, Boorloo, Bayrou saluent ce « tournant ». Le président a satisfait une partie de la droite. On se félicite ça et là de la bonne tenue oratoire du Président lors de cet exercice. En tout cas, les patrons sont contents. Après avoir été attendu au tournant, il est maintenant attendu sur ses résultats. Décidemment, président, c’est comme les trains en retard, il n’y a qu’eux qui suscitent des commentaires. François Bayrou attend la traduction des propositions « dans le réel ». A l’occasion des vœux pour la nouvelle année, la presse avait déjà salué le virage pris par François Hollande. A force de zigzaguer de gauche à droite, on ne peut que constater que garder la ligne est une activité riche de périls. Une simple occasion peut lui faire tourner la tête.
A gauche on s’inquiète de ce tournant brutal qui passe pour un coup de barre à droite. C’est la crainte d’un dérapage vers des mesures antisociales qui nourrit les conversations. Les outils que se dispose à utiliser le président sont connus des économistes laudateurs de la libre entreprise. Cependant, il est un outil qu’à l’évidence le président n’a pas rangé dans sa sacoche de bricoleur. Cet outil n’est pas en vente dans les enseignes de bricolage ouvertes désormais le dimanche. Avec beaucoup de chance, il se chine sur les vide-greniers et les brocantes d’été des territoires désertifiés. Le tourne-à-gauche est une sorte de tenaille utilisée par les forgerons pour tenir de grosses pièces. Il faut néanmoins de la dextérité pour le manier avec bonheur. Un tour de main est nécessaire dans lequel seuls de vieux ouvriers ferrailleurs et nostalgiques excellent.
Un tournant pour réduire le chômage ? Le président ne pense, en effet, qu’à inverser les courbes. Changer de courbes, c’est sa volonté. Non seulement il le dit mais, en butinant de Valérie à Julie, il le fait. François Hollande, un président qui tient les pommettes.