Les tentures, la table noire sur laquelle douze lampes éclairent douze mains d’ouvriers et ouvrières de l’usine PSA d’Aulnay, au temps de son occupation sous la menace de la fermeture et du chômage. Isabelle Bonté est allé à leur rencontre, les uns et les autres ont témoigné de leur vie au travail, des pièces qu’ils donnaient à un robot, des réglages minutieux qu’ils devaient faire, de la tension du travail bien fait. Les journaux disent des chiffres : tant de licenciés, tant de chômeurs… Les artistes, plasticiens, auteurs de théâtre, voire danseurs, écrivains, tentent de restituer les paroles, de montrer les corps, de dire et redire que ce ne sont pas des chiffres soustraits ou additionnés, mais des hommes et des femmes exploités, puis jetés. Dans cette installation, Isabelle Bonté engage une relation troublante : les visiteurs vont toucher ces mains de travailleurs et ce contact va déclencher la parole, plus qu’un simple témoignage. Les mains sont les moulages que les uns et les autres ont choisis : ainsi ces doigts qui forment le V, cet index pointé, ce poing fermé, cette main ouverte, cette paume offerte ne doivent rien au hasard, malgré le titre de l’exposition, ou alors, le hasard c’est que je sois venu, et que j’aie fait ces rencontres à la Maison des Métallos, à Paris.