Les "spammeurs" sont aussi friands des "hoax", un moyen facile de se procurer des milliers d'adresses e-mail, souligne M. Paget. Quand vous faites suivre un message à votre liste de contacts, "vous ne savez pas où partent vos données personnelles", avertit M. Jud.
Chaînes de solidarité appelant à aider un enfant malade, fausses alertes aux virus, histoires loufoques inventées de toutes pièces: les canulars du web peuvent tourner en boucle pendant des années, véhiculés par un bouche à oreille électronique non exempt de dangers.
Mais comment repérer un "hoax", terme anglais pour désigner ces rumeurs apparues en même temps qu'internet et amplifiées par ce média sans frontière ?
De plus en plus de sites les traquent, une tâche loin d'être facile: ces informations erronées, périmées ou invérifiables sont "en constante augmentation", note Guillaume Brossard, l'un des fondateurs du site français hoaxbuster.com, chargé de les dénicher. "Les hoax prennent des formes de plus en plus variées: avant ils se diffusaient par le biais des mails ou dans des forums, aujourd'hui ils se transmettent via les blogs, les réseaux sociaux de type Facebook ou encore les sites participatifs, sous forme de vidéos, photos, sons", détaille-t-il. Le message provient en général "d'une connaissance, elle-même victime de la rumeur", "ce qui tend à faire baisser le niveau de vigilance", met en garde le Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN) sur son portail consacré à la sécurité informatique (www.securite-informatique.gouv.fr).
Tout d'abord, "méfiez-vous lorsque vous recevez un courriel qui incite à la propagation", recommande François Paget, chercheur chez le spécialiste de la sécurité informatique McAfee. Exemple-type de formulation caractéristique des "hoax": "à faire suivre à tous vos contacts". Deuxième critère qui doit mettre la puce à l'oreille: "Le caractère sensationnaliste de l'information, sa présentation accrocheuse pour appâter le client", avec souvent une notion d'urgence, poursuit-il.
Les rumeurs les plus folles peuvent ainsi circuler, exploitant la naïveté des internautes. Petit florilège: faire cuire un oeuf avec un mobile, c'est possible, répondre à un téléphone à proximité de pompes à essence peut être très dangereux, Miss France est un homme, les sacs à main sont bourrés de bactéries... Pour appuyer leurs propos, les auteurs de ces canulars aiment citer des autorités reconnues, signale le SGDN, comme le FBI, Microsoft ou encore un hôpital.
Les rumeurs du net partent souvent d'"un bon sentiment", explique M. Paget, comme dans le cas de Noëlie, une petite fille atteinte de leucémie dont la famille avait lancé un message sur la toile pour trouver des donneurs potentiels. Malgré son décès survenu en juin 2004, ce courriel continue aujourd'hui encore d'être relayé sous des versions diverses, ce qui a entraîné notamment la saturation des standards téléphoniques de nombreux centres de transfusion. "L'Etablissement français du sang (EFS) a même dû embaucher une personne supplémentaire pour gérer les appels", raconte Emmanuel Jud, éditeur du site hoaxkiller.fr ("tueur de canulars").
Au-delà de ces cas de personnes mêlées à des rumeurs malgré elles, il signale "la montée en puissance des hoax à caractère militant voire malveillant" pour nuire à des hommes politiques, des grands groupes ou encore des Etats, les Etats-Unis étant une cible privilégiée. Plus dangereux, certains canulars peuvent inciter à supprimer un fichier utile sous prétexte qu'il est infecté.
Les "spammeurs" sont aussi friands des "hoax", un moyen facile de se procurer des milliers d'adresses e-mail, souligne M. Paget. Quand vous faites suivre un message à votre liste de contacts, "vous ne savez pas où partent vos données personnelles", avertit M. Jud.
AFP