Cette recherche menée à l’Université de Melbourne écorche le mythe de ce qu’on appelle communément le 6ème sens, un type de perception inconsciente et intuitive qui ne passerait pas par nos 5 sens. Différentes expériences, présentées dans la revue PLoS ONE constatent néanmoins que nous sommes capables de détecter avec fiabilité la survenue d’un changement, même quand nous n’en avons pas de perception consciente. Mais pas toujours d’identifier précisément la nature de ce changement.
L’exemple donné est noter un changement général dans l’apparence de quelqu’un sans être en mesure pour autant d’identifier qu’il s’agit d’une nouvelle coiffure, par exemple.
Le Dr Piers Howe de l’École des sciences psychologiques de Melbourne, auteur principal rappelle l’idée reçue d’un 6è sens ou d’une capacité de « perception » par l’esprit, sans avoir recours à nos 5 sens physiques (la vision, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher). Dans son expérience, si les participants parviennent à détecter des changements qu’ils ne peuvent identifier visuellement, cette capacité n’est pas liée à la perception extrasensorielle ou à « un sixième sens ». Invités à observer l’une après l’autre et chacune durant 1,5 seconde, 2 photographies en couleurs de la même femme, avec parfois, sur l’une des photos une apparence légèrement différent,
Après la seconde photo, l’observateur devait identifier le changement éventuel, à partir d’une liste de 9 changements possibles.
L’expérience montre que les participants sont généralement capables de détecter le moment où un changement a lieu et même lorsqu’ils ne savent pas identifier exactement ce qui a changé : Sur les 100 essais où un changement a eu lieu, les participants ont noté l’existence d’un changement dans 73% des cas. Ils ont été en mesure d’identifier correctement le changement dans 60 cas. Cela suggère que dans 13 des cas, ils ont pu identifier la survenue d’un changement sans pouvoir l’identifier précisément.
Un changement mais quel changement ? Les chercheurs montrent, à travers d’autres expériences que la détection des changements sans identification est probablement médiée par la sensibilité aux données spatio-temporelles (statistics) de la scène. Cependant, il pourrait y avoir des processus alternatifs comme une capacité à détecter les changements avant d’être capable de les identifier. La seconde possibilité est qu’identifier un changement peut renforcer l’attention et donc la capacité à identifier la nature du changement. C’est plutôt cette hypothèse qui est retenue ici.
Nous aurions donc une sorte de capacité de perception sans capacité d’identification visuelle et sans recourir à un mécanisme extrasensoriel.
Source: PLoS ONE January 13, 2014 DOI: 10.1371/journal.pone.0084490 Detecting Unidentified Changes
Lire aussi: NEURO: Votre cerveau voit tout ce que vous ne voyez pas! -