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Cry of an expat

Publié le 15 janvier 2014 par Pomdepin @pom2pin

Après les détails gores sur mon dernier accouchement, voilà mes états d’âmes! J’ai lu ici ce matin que chaque expatrié coûte à la France! Et ça, ça m’énerve. Beaucoup. C’est l’article de trop, la goutte d’eau qui fait déborder Pom de Pin, ça fait des mois qu’on lit des attaques sur ces êtres ignobles que sont les expats. Alors que tous les pays du monde se réjouissent d’avoir une diaspora, et comprennent son utilité, certains en France, nous traitent comme des pestiférés. Avoir des ressortissants à l’étranger, c’est aussi bénéfique, culturellement, diplomatiquement et économiquement.

Et comme ce monsieur le Gales (l’auteur malheureux de cet article) ne voit pas plus loin que le manque à gagner de TVA, parlons en! A votre avis, qui achète du foie gras et du roquefort et toutes sortes de produits typiquement français, à prix d’or à l’étranger? Nous, les ignobles expats, et on les fait découvrir à nos amis, qui vont peut être aussi en acheter, mais ça bien sur, c’est mal. Ça coûte à la France. Si,si, c’est marqué dans le journal. Les exportations, c’est méchant. Bouh!

Oh, et bien sur, on ne va jamais en France, revoir nos famille pendant les vacances, ou si on y va, on ne dépense pas un centime pour rentrer ensuite chez nous chargés comme un semi remorque. D’ailleurs, c’est bien simple, sur place, on ne mange pas, ne boit pas, n’achète aucun vêtements français, aucuns de ces trucs idiots qui nous rappellent notre enfance et qu’on regardera avec émotion dans nos pays d’accueil. Non, non, rien de tout ça. Ou alors, hop, on réussit à convaincre les vendeurs de retirer la TVA du prix de vente. Et le salaire de ceux qui l’ont fabriqué, transporté, vendu….ils nous en font carrément cadeau, parce que, n’est ce pas, il faut bien qu’on coûte à la France. On ne paie pas au péage, dans les hôtels, dans les locations de vacances. Quand ce sont des étrangers qui font marcher l’industrie du tourisme, c’est génial, quand sont des expats, c’est mal. Et si par hasard, on a besoin de se faire soigner, on ne nous présente pas la facture, pensez vous! Ce n’est pas comme si on allait devoir payer plein pot parce qu’on n’a pas la sécu. Non,non, on n’est des profiteurs. Vous savez combien ça coûte à un sale expat, une journée d’hospitalisation en France? ( bon, je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, on est assuré, mais c’est notre assurance du méchant pays où l’on vit qui paie, pas la sécu française).

Certes, il y a des inconscients qui dans leur nostalgie de la France poussent le bouchon jusqu’à acheter une maison de vacances dans leur région d’origine, où il y a parfois même des travaux à faire. Et bien, dans leur cynisme d’expats, ils n’hésitent pas à s’adresser aux artisans locaux pour faire les travaux. Et, comme ils ne reculent devant aucune bassesse, si par hasard ils héritent, ils paieront encore plus de taxes que les français de France. C’est bien fait pour eux, il n’avaient qu’à pas partir aussi. De tout façon, c’est bien connu, ils se sont expatriés pour ne pas payer l’impôt, ce sont des suppôts de Satan multimillionnaires. Parce qu’évidemment, on ne paie pas un sou dans notre pays d’accueil. Ahaha, j’en parlerai à mon inspecteur de impôts de sa gracieuse majesté, pour voir s’il peut me faire une ristourne, ça va bien l’amuser. Et ce n’est pas comme si on s’expatriait parce que l’adorable entreprise où l’on travaille, en France, nous annonce du jour au lendemain que c’est ça ou le chômage. (Cela dit, je n’ai aucun regret!). Oh, et la majorité des françaises que je connais sont venues ici pour finir leurs études, elles ont rencontré un prince charming et se sont mariées. C’était forcément un coup monté depuis leur plus tendre enfance, pour ruiner la France. Elles sont délibérément tombées amoureuses d’un anglais. Sans parler de tous ceux que l’on qualifie d’expats, mais qui sont des immigrés: on n’a pas de contrat d’expat, mais des contrats locaux. Comme tout le monde. Sans aucun avantage. Mais puisqu’ on est apparemment tous des rentiers, quelle importance? C’est mon banquier qui va être content quand je vais lui annoncer la nouvelle. Il risque aussi d’être surpris.

L’argument massue, c’est que la société française a investi dans notre éducation. C’est très gentil de sa part, mais si je me souviens bien l’éducation nationale est un service public? Payés par les impôts….et c’est rarement les usagers, à 5 ans qui paient. C’est plutôt leur parents! Et bien, par un heureux hasard, les expats ont souvent des parents, et ceux ci payaient bien leurs impôts. Commencez par rembourser nos parents avant de nous parler de ce que l’on coûte à la France!

Ouf, ça va mieux…désolée pour ce coup de colère, mais je ne suis pas la seule à bouillir. Beaucoup de mes amis expats ou plutôt immigrés, sont encore plus virulents. J’ai simplifié, exagéré, et fait preuve parfois d’une légère mauvaise foi, mais ce n’est pas facile de se sentir rejeter par son propre pays. Et ce n’est pas ça qui risque de nous donner envie de revenir payer la TVA en France. Au contraire.


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