F. H. 2. « C'est de l'économie, idiot »

Publié le 15 janvier 2014 par Jorge
Le mot est de Clinton. Et le sujet va être trituré dans tous les sens dans les jours et les mois qui viennent.
Je ne parle pas de l'opposition, le principal parti ayant d'abord à soigner sa panne programmatique avant toute chose. Ça nous assure d'un tas de petites et grandes phrases plus ou moins assassines, pour faire croire qu'il y a une ligne et un pilote à bord de l'avion. Mais il n'y a pas beaucoup à attendre sur le contenu.
La gauche de la majorité sera vraisemblablement plus dure. Pas forcement les syndicats. Ou alors, en paroles, mais pas nécessairement en actes.
François Hollande se trouve – et, à moins d'être volontairement ou génétiquement aveugle, il l'a assez clairement laissé voir – face à une situation assez classique. Et il est un peu vain de s'étriper pour savoir si c'est un virage, une réaffirmation de sa ligne traditionnelle ou tout autre étiquette disponible dans l'arsenal des discours politiques.
Quelques points de repère :
-Il est « en responsabilité » et doit tout faire pour remettre le pays en marche. Et vite.
-La France, n'en déplaise (pour des raisons tout à fait opposées) aux uns et aux autres, est une économie capitaliste, où le « marché » et la « libre entreprise » sont les dominantes de l'économie.
Elle est insérée dans un cadre multinational, l'Union Européenne orientée puissance 10, dans le même sens, cadre qu'elle ne peut pas quitter sauf à sauter dans le vide et créer une situation d'une gravité exceptionnelle et en France et en Europe, et dont le prix serait, pour nous, exorbitant.
-Le pays n'a pas, donc, une « économie dirigée » et de ce fait, les possibilités d'action du Président et de son gouvernement sont assez limitées. A court terme, presque nulles en dehors des actions - déjà entreprises - type « traitement social du chômage » illustré par les emplois aidés et les primes d'ordre divers pour encourager l'embauche. Et bien entendu, de l'arme fiscale.
En résumé : face à une situation difficile, face à l'aggravation du chômage par la crise, le Président n'a pas d'armes économiques directes à sa portée pour retourner cette situation. Ses mots de mardi 14 janvier étaient clairement la reconnaissance de cette situation de fait.
Donc, avec des mots à peine couverts, il n'a pas fait d'autre constat : attaquer le chômage ne peut se faire ici et maintenant qu'en s'appuyant sur ceux qui ont les « outils » en main : les entreprises, grandes, bien sûr, mais surtout petites et moyennes.
Les aides de l'État, la fiscalité, sont la seule martingale dont il dispose pour dire : investissez, créez de l'emploi et je ferai en sorte que ce soit plus doux pour vous (et votre portefeuille).
Les exigences de contrepartie sont destinées à limiter, autant que faire se peut, la case sociale et à tenter de protéger le cœur du modèle social. Le « dialogue social » étant le donnant-donnant.
Il faut reconnaître à M. Gattaz JR un peu plus d'amabilité que ses prédécesseurs, puisqu'il semble se contenter du « c'est de l'économie, idiot » et non, du « c'est nous l'économie, idiot »
Le Président, en reconnaissant où se trouvent les leviers disponibles, englobe ceux qui les possèdent dans sa responsabilité. C'est le sens de ses allusions au « patriotisme »
Une sorte de mini 18 juin. 

Sera-t-il entendu ?© Jorge