Alors que le neuvième art est acculé dans les cordes, quoi de plus normal de s’intéresser à la boxe. Après avoir réalisé la biographie de Battling Siki, le premier africain champion du monde de boxe, dans "Championzé", Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro remettent les gants pour s’attaquer à un autre grand boxeur d’avant guerre : Victor Young Perez, le plus jeune champion du monde des poids mouches. À noter qu’une autre biographie du personnage, "A l’Ombre de la gloire", réalisée par Denis Lapierre et Aude Samama a déjà été éditée par Futuropolis mi-2012. Et ceux qui veulent encore ajouter un petit round face au champion, peuvent aller voir le film réalisé par Jacques Ouaniche, avec Brahim Asloum dans le rôle principal.
Ce one-shot va évidemment bien au-delà d’un simple récit sportif car il dresse le portrait poignant d’un homme passionné par la boxe qui, malgré sa générosité et son courage, finit assassiné durant l’hiver 1945, alors que les Allemands fuient l’armée russe. Le scénario d’Aurélien Ducoudray multiplie les allers-retours entre le déroulement chronologique de la vie du boxeur et ses dernières années à Auschwitz. Il y a donc d’un côté le parcours ascendant de cet enfant juif qui grandit dans les rues de Tunis avant de connaître la gloire et l’amour à Paris, ainsi qu’un titre de champion du monde qui fera de lui un véritable héros pour les tunisiens. Puis, de l’autre, il y a les horreurs subies dans l’enfer des camps de concentration et ses ultimes combats entre déportés triés sur le volet.
L’opposition entre ces deux époques est assez intéressante car elle permet de comprendre que le petit « youpin » de Tunis gardera cette étiquette jusqu’à Auschwitz et que la montée de l’antisémitisme finiront par transformer les railleries de l’enfance en l’horreur des camps. Si la dualité du destin de Victor Perez est parfaitement rendue, le récit est cependant parfois un peu trop elliptique et ne s’attarde par exemple pas suffisamment sur les détails de son arrestation ou sur sa relation avec l’actrice Mireille Balin.
Visuellement, le trait charbonneux d’Eddy Vaccaro restitue avec brio le passé du champion. Des ruelles de Tunis aux hivers glacials d’Auschwitz, en passant par le glamour de Paris et les affrontements sur le ring, le crayonné très expressif du dessinateur accompagne l’incroyable destin de Victor Young Perez avec grande efficacité.
Un très bon one-shot !
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