Voir la nouvelle année poindre dans un autre pays est tellement dépaysant, et permet de changer des fêtes convenues et finalement plutôt banales du réveillon. Il y a quelques années passer cet instant à Amsterdam, au 20ème étage d’un immeuble qui dominait ville, avec en toile de fond le ciel éclaboussé par les trainées explosives des feux d’artifices tirés de toutes parts, avait de quoi laisser sans voix.
Cette année, mus par l’envie de découvrir Berlin depuis quelques mois maintenant, nous mettions cap sur la capitale allemande pour la fin d’année.
Berlin est une ville qui s’étend sur 2 284 km2 et sa métropole compte 6 millions d’habitants (soit à peu près la moitié de Paris).
Se retrouver à Berlin dans les transports est un pli qui se prend rapidement. L’organisation du réseau est plutôt logique, bien pensé, et votre premier essai vous sera donné dès votre arrivée à l’aéroport (ou à la gare). Berlin compte deux aéroports, l’un au Sud Est (Schönefeld) et l’un plutôt au Nord Ouest (Tegel). Ainsi donc ayant choisi un lieu de résidence plutôt éloigné du centre-ville, nous avons pu tester nos compétences pour calculer et prévoir les meilleurs itinéraires. A Berlin, la S-Bahn désigne la compagnie des trains rapides qui sillonnent les 12 Land de Berlin. Ces “quartiers” s’étendent ainsi de manière à entourer complètement le centre-ville historique, Mitte. On y voit circuler aussi les lignes de l’U-Bahn, le métro dont les vitres sont estampillées de minuscules et répétitives motifs de la Porte de Brandebourg, emblème de la ville, et de la réunification.
Ainsi donc tous les ans, le feu d’artifice du 31 décembre est tiré depuis cette place devenue le symbole de l’Etat au fil des années. Erigée pour le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II en 1791, elle s’inspire du style classique de l’Acropole d’Athènes. Surmontée du quadrige de Johann Gottfried Shadow, qui représente la déesse de la Victoire emportée par un char à quatre chevaux. En 1806, Napoléon Ier la dérobe, lors de la défaite de la Prusse, aux batailles d’Auerstaet et de Iéna, et reviendra à Berlin après la chute du Second Empire. Après la Seconde Guerre Mondiale, la Porte de Brandebourg fait partie intégrante du Mur de Berlin et se situe dans la zone Est. C’est aussi précisément à son emplacement que le mur sera ouvert le 22 décembre 1989. C’est donc à partir de la Parizer Platz que débutent les festivités de fin d’année. Réunissant plus d’un million de visiteurs, l’endroit représentait pour nous plus une zone de laquelle nous rapprocher qu’un point précis où se tenir.
Nous avons commencé notre séjour à l’écart de la ville, sur les bords de la Müggelspree, dans le quartier de Friedrishagen, aux airs de petit village.
L’hôtel paisible donnait l’impression que nous étions en pleine campagne, et la gelée matinale sur les toits, que nous étions en montagne dans un chalet. En effet, à cette époque de l’année, il fait plutôt très froid et le jour se couche en moyenne vers 16h00 à Berlin.
Nous commencions la soirée par découvrir le petit restaurant le Defne, dans le quartier de Kreuzberg, après une journée à crapahuter. Le froid nous ayant rattrapé, l’ambiance et l’accueil chaleureux tombaient à point nommé. Ce fut l’occasion de découvrir une cuisine turque savoureuse, plus élaborée que celle servie dans les fameux Döner Kebab, que l’on trouve à tous les coins de rue. Situé sur le canal, nous avons un eu la chance d’arriver très tôt pour goûter aux plats sans avoir réservé. Après un assortiment de hors d’œuvres délicieux, mon choix s’est porté sur l’ali nazik : des morceaux émincés d’agneaux sur une sauce au yaourt et un lit d’aubergines. Un délice…
Derrière Alexanderplatz, l’ambiance de fin d’année est tangible. Entre la patinoire, les stands de vin chaud, et les feux allumés par-ci par-là, les gens sont détendus et avenants. Nous prenons le temps pour profiter de cette atmosphère avant de partir nous réchauffer un peu plus loin, à proximité de la station de métro éponyme.
C’est sous le pont sur lequel passent les trains, qu’il faut chercher le Pub. Un bar sympathique à la fréquentation plutôt jeune.
Ici on s’installe à une table conviviale, pour partager un moment entre amis. Les tables plutôt grandes peuvent vous accueillir avec 9 autres de vos amis. Au milieu de la table, 4 tireuses à bières permettent de vous servir une pinte à tout moment. Surmontées d’un écran tactile, qui vous présente la carte du bar, et qui compte votre consommation (en litres, et jusqu’à 10 personnes), il permet de reporter votre « score » sur un écran géant à l’entrée du bar qui établit un classement des tables où se trouvent les plus grands buveurs.
L’ambiance est détendue, sans basculer dans la beuverie. Les gens s’amusent simplement. On nous offre une bière en nous montrant comment bien se servir de la tireuse, les gens passent d’une table à l’autre, et nous passons un bon moment.
Si vous êtes dans le coin et que vous voulez essayer la fameuse brasserie munichoise, vous pouvez vous arrêter dans la Hofbräuhaus Berlin. On y sert des plats typiques allemands, et des pintes d’un litre de bière. La volonté d’inscrire l’endroit dans une ambiance plus ou moins traditionnelle se lit dans les moindre détails : le décor de brasserie, l’orchestre, ou les costumes des serveurs (le bien connu Dirndl pour les femmes).
En poursuivant, c’est Potsdamer Platz qui fut notre point de chute.
Après l’obscurité de certains autres quartiers, ici on ne peut échapper à la lumière. Ce quartier récent, fut il y a quelques années le plus grand chantier l’Europe. No man’s land pendant la Guerre Froide, c’est un quartier construit après la réunification, en 1990.
Il s’organise en trois pôles. En arrivant dans le quartier on ne peut manquer les immenses grattes-ciels, du Beisheim Center (nous en parlerons dans un article ultérieur, pour la vue à couper le souffle qu’on a d’en haut). En dépassant les immeubles, on parvient à Damier City au sud de Potsdamer Strasse, qui abrite un énorme centre commercial. Enfin, on arrive à l’imposant Sony Center, étincelant de mille feux.
Dans le quartier, c’est le moment de s’attarder sur les stands du marché de Noël et de découvrir certains aménagements qui se révèlent que de nuit.
Après quelques conversations avec les gens dans le quartier, nous concluons qu’il est plus raisonnable de rester dans le coin que de se lancer dans la traversée de Tiergarten (l’immense parc de Berlin). En effet à quelques minutes du passage à la nouvelle année, la foule à Porte de Brandebourg était massive. Suivant le conseil d’un groupe de jeunes allemands sympathiques, nous restâmes à la lisière du parc tandis que les rues prenaient des allures de fin du monde avec les pétards et l’air enfumé.
C’est en voyant tout le monde défiler toute la journée, des feux d’artifices plein les bras, de la mère de famille prudente, aux amis fêtards, nous avons vu les rues d’embraser de pétards et de feux d’artifices tirés par des amateurs. En revanche à minuit débutait le feu d’artifice officiel tiré de la Porte de Brandebourg qui dura tout au plus une quinzaine de minutes.
Puis dans un ciel déjà bien enfumé, nous avons entrepris une lente remontée vers la porte. Le monde se dissipait rapidement et la foule gagnait les transports. C’est à ce moment précis que nous avons été pris dans une faille temporelle : perdant la notion de l’orientation, entamant la conversation avec deux demoiselles asiatiques elles aussi visiblement perdues. Nous assistâmes à un battle de chansons « exotiques » dans le métro, nous avons pris les paris sur le meilleur moyen de rejoindre notre hôtel (taxi, tram ou à pieds) avec un autre couple qui y logeait aussi, et nous nous sommes consumés de froid sur le quai du train, puis durant notre trajet à pieds jusqu’à l’hôtel…
C’est bien tardivement que nous avons fini par arriver dans la chaleur de notre chambre mais ce fut une façon bien agréable et dépaysante de passer l’année…
Aperçu de l’itinéraire :