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Théâtre : L'assommoir - David Czesienski

Publié le 15 janvier 2014 par Philisine Cave
J'aime aller au théâtre pour y contempler des classiques revisités : L'Assommoir d’Émile Zola en fait partie. Très tôt, je repérai cette version proposée par le metteur en scène David Czesienski et me précipitai pour acheter deux billets. Puis vint le temps de la récupération des places et le visionnage de quelques photos concernant sa mise en scène plutôt moderne et là, mon esprit quelque peu endormi me suggéra ce questionnement : « Non mais, elle est où, Gervaise ? ». Parce qu'avec toutes ces images flashy, il me sembla difficile de la repérer. Enfin, le soir du spectacle s'annonça. Et ? Eh, oui !

Théâtre : L'assommoir - David Czesienski

photo issue du carnet de présentation de l’œuvre fait par le th'N

Six amis se retrouvent dans un salon pour faire la fête (enfin, picoler serait le mot adéquat). Tout est prétexte à narrer les mésaventures de Gervaise, l'héroïne de Zola, éternellement partagée entre Lantier (père de ses deux aînés) et Coupeau (père de son unique fille, Nana), sa réussite puis sa déchéance. Au fil de la narration, l'ambiance festive gâchée par l'alcool bu en abondance laisse place aux règlements de compte, à l'échange de partenaires et plus, si affinités.   
Bon, alors autant être directe : il y a du bon et du moins bon dans cette pièce.
les + : l'entrée en scène des comédiens tout de suite au contact du public, la volonté farouche de David Czesienski à transposer la déroute des Lantier-Coupeau à celle des convives (même beuverie, mêmes simulacres de couples, même débauche), à démultiplier la voix de Gervaise (chacun des comédiens s'accaparant ce personnage à l'aide d'une chaussure levée ou d'un pied plié) ce qui la rend omnisciente (un bel hommage théâtral à cette héroïne), à raconter l'Assommoir de façon anarchique et non chronologique (qui demande une certaine constance dans la diction mais n'empêche pas la lassitude s'installer), à distiller (foutu alambic) une bonne dose d'humour, à placer des histoires drôles pour dynamiter la fin (avec l'excellente prestation de Baptiste Girard, qui éclabousse tout sur son passage : bons déplacements, nuance dans le jeu, gestuelle corporelle élastique), à redéfinir la scène du lavoir (sans nier le risque de friser la comédie de boulevard) ou à introduire notre Johnny national (formidable chanteur aux penchants éthyliques reconnus).
les - : j'ai suivi, j'ai perdu pied, je me suis ennuyée puis réveillée (avec les scènes de ménage et l'hystérie qui parfois en découlait). Tenir en haleine 2h10 (sans entracte) un auditoire en ne changeant pas de décor, ni de comédien relève de l'exploit : le problème est que le texte manque singulièrement de finesse. Oui, Czesienski peut autant choquer que Zola lorsque l'Assommoir fut publié mais rien ne remplace les mots/ le lyrisme du maître. L'irrégularité et l’exubérance de certaines prestations  et des « moments » surjoués de la mise en scène/texte gâchent une mise en abyme intéressante (avec une perspective qui aurait mérité un traitement moins proche de celui du vaudeville). Difficile aussi de ne pas être dérouté(e) par ce zapping constant qui noie le (juste) propos.
En bref, j'ai souri, j'ai ri mais je n'ai pas jamais été émue par le destin de Gervaise : un comble, non ?   
Théâtre
  L'Assommoir d'après Émile Zola metteur en scène : David Czesienski 
un spectacle du collectif OS'O
et un de plus pour le challenge d'Eimelle  


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