A l’origine, Arte investit le web pour conquérir un public plus jeune, contrer l’image de télévision intellectuelle qui la suit et augmenter son audience. En janvier 2013, dans la lignée de la stratégie bimédia de Véronique Cayla, la présidente, la chaîne adopte le tout-numérique. Le pôle antenne et le pôle web sont fusionnés pour une meilleure cohérence et un lien plus fort entre le support TV classique et les nouveaux supports numériques. La chaîne franco-allemande adopte la stratégie du global media. Tous les programmes sont désormais pensés pour être diffusés à la télévision et sur internet. Comme l’explique Alain Le Diberder, directeur des programmes, lors d’une conférence à Strasbourg, “chaque programme a trois vies : avant, pendant et après“.
Les nouveautés
En avril 2013, Arte a fait parler d’elle en créant une nouvelle plateforme complémentaire aux sites existants Arte Live Web et Arte Creative. Arte Future est donc lancé pour mettre en avant des programmes interactifs sur l’innovation environnementale, économique et technologique. La chaîne a également refondu sa page d’accueil pour permettre aux internautes d’accéder au streaming live des émissions à l’antenne. Pour diffuser sur une majorité de canaux médiatiques, une application unique et compatible sur tous les systèmes d’exploitation (iOS, Android, Windows 8 et Windows Phone) a été créée. Dans un domaine plus technique, Arte devrait bientôt obtenir un nom de domaine personnalisé délivré par l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). “.arte“ côtoiera donc les “.com“ et “.fr“. La chaîne investit davantage dans le développement numérique puisqu’en 2012, elle octroyait environ 100 000 euros à chaque production webnative contre près de la moitié l’année précédente. L’accord signé avec l’Etat prévoit une augmentation du budget consacré au web de 30% par an durant les quatre prochaines années selon Nouveaux Paysages Audiovisuels.
L'innovation des programmes
Depuis sa création, la chaîne a souvent misé sur des programmes en marge de ce qui se fait habituellement à la télévision. Avec son investissement numérique, les contenus n’ont en rien perdu de leur singularité. “Nous sommes dans la mission de création et d’innovation sur le fond et sur la forme“ affirme Gilles Freissiner dans une interview consacrée à Frenchweb.fr. Et Arte peut s’enorgueillir d’un certain succès de ses nouveautés avec de fortes audiences pour le web-documentaire « Alma » qui s’est vu décrocher le prix Visa d’Or France 24-RFI, la BD sur tablette “Le Professeur Cyclope“ ou la série participative de format court “Le Futur selon vous“.Tous les programmes d'Arte
La stratégie Social TV
Avant tout, l’objectif de la social TV est de faire participer les internaute-téléspectateurs au sujet des programmes qu’ils ont ou vont visionner. Ainsi, Gilles Freissinier souhaite “accentuer les animations des réseaux sociaux et ainsi pousser l’intégration de ceux-ci à l’antenne“. Avec le documentaire Futur par Starck diffusé en juin dernier, les responsables du projet ont mis à disposition du public un second écran sur tablette ou smartphone pour compléter le visionnage du programme à l’antenne. Sur le principe de la télé augmentée, les téléspectateurs pouvaient prolonger l’expérience avec un contenu enrichi de biographies, photos et vidéos. Lors de la diffusion, Arte a réalisé une bonne performance en matière d’audience puisque 606 000 téléspectateurs ont regardé le documentaire et 30 000 visiteurs ont consulté le dispositif second écran pendant la diffusion.
Arte propose le premier jeu vidéo coproduit par une chaîne TV
Arte a créé le premier jeu vidéo proposé par une chaîne : Type : Rider. Une idée conceptuelle puisqu’elle propose au joueur de parcourir différents mondes de la typographie. Les créateurs ont misé sur une forme esthétisée du jeu vidéo. Les cinq premiers niveaux sont en accès gratuit sur arte.fr et le jeu complet est disponible sur l’Appstore ou Google Play pour 2,69 €. Le jeu a été élaboré par Arte en collaboration avec Ex-Nihilo. Alexander Knetig, chargé des programmes de la chaîne et à l’origine du projet, déclare “Nous avons été davantage téléchargés qu'Angry Birds lors de la sortie sur l'Appstore et élu 'App de la semaine' au niveau européen“. La création du jeu a tout de même coûté 400 000 € dont 130 000 à Arte. Il est relativement apprécié par les internautes mais ne compte que 3000 likes sur sa page facebook. Type : Rider “dégage une grande classe même s’il faut également souligner les problèmes de jouabilité (capacité d’une jeu à être facilement pratiqué) dont il souffre“ publie le site de critique jeuxvideo.com.Une audience encourageante mais toujours faible
Néanmoins, force est de constater que les initiatives d’Arte sur internet ne permettent pas de concurrencer les sites web d’autres chaînes françaises. Selon les chiffres récoltés sur alexa.com, site de mesure d’audience, TF1 occupe la 58ème place et France TV info la 190ème place dans le classement des sites internet consultés en France alors que Arte reste à la traine en figurant au 284ème rang. Sur les réseaux sociaux, la 7ème chaîne ne fait pas vraiment mieux puisqu’elle compte 197 471 followers sur son profil Twitter tandis que TF1 est suivi par 881 600 personnes. Pour la nouvelle plateforme Arte Future, les scores sont assez faibles : moins de 2000 followers pour à peine 1800 tweets depuis la création de la plateforme en avril 2013.