Pour l’Académie nationale de médecine qui réagit à l’autorisation de mise sur le marché de Sativex, un suivi rigoureux en matière de pharmacovigilance et d’addictovigilance s’impose. Si l’Académie dit ne pas rester insensible aux espoirs suscités chez les patients souffrant de sclérose en plaques, elle souligne que cette association de 2 principes actifs du cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD),peut aussi présenter les effets adverses avérés du THC, notamment au plan psychique.
L’Académie rappelle, dans un communiqué, qu’en ce qui concerne l’état des connaissances relatives au cannabis et à ses constituants, aucun progrès significatif dans le domaine de leurs intérêts thérapeutiques allégués n’est apparu récemment, alors que les connaissances de leurs effets adverses se sont précisées et multipliées. L’évolution de la législation en faveur de leur inscription comme agents thérapeutiques ne semble pas justifiée pour des raisons pharmaco-thérapeutiques.
Un rapport bénéfice-risque incertain, avec, précise toujours l’Académie,
· des bénéfices du THC jugés modestes par l’Académie, a fortiori au regard des médicaments disponibles, jugés ici plus efficaces pour chacun des bénéfices attendus,
· des risques liés au THC jugés très nombreux, souvent graves et incompatibles avec un usage thérapeutique,
· une association étonnante enfin, au plan pharmacologique, du THC et du CBD dont le mécanisme d’action est qualifié d’incertain, dans l’objectif de réduire les méfaits du THC.
L’Académie s’était déjà opposée, en janvier dernier, à la commercialisation en France de médicaments dérivés du cannabis, invoquant les raisons suivantes :
· L’absence de distinction, dans le décret d’autorisation, entre les très nombreux cannabinoïdes présents dans les diverses variétés de cannabis,
· le caractère très documenté toxicomanogène et générateur d’une dépendance psychique et physique du tétrahydrocannabinol ainsi que sa pharmacocinétique très singulière qui rend ses effets prolongés et difficiles à prévoir d’un sujet à l’autre,
· la persistance très longue du THC dans l’organisme, soit près de 8 semaines, associée à l’effet de dépendance physique avérée,
· la simultanéité d’effets multiples du THC incompatible avec la logique thérapeutique qui s’efforce de cibler,
· un effet analgésique nettement inférieur à celui des analgésiques actuellement disponibles,
· les interactions médicamenteuses possibles, en particulier avec l’alcool, les benzodiazépines et d’autres sédatifs et/ou hypnotiques
· les effets indésirables graves avec, en cas d’utilisation de long terme, une diminution marquée des capacités intellectuelles et un risque de développement de troubles cognitifs, d’un type agressif de cancers du testicule, d’une diminution de la testostéronémie, des effets immunodépresseurs et cardio-vasculaires, une implication dans la gestation, avec des risques d’anomalies pour l’enfant à naître…
Bref de très nombreuses objections.
Le risque de détournement d’usage du Sativex, est également évoqué.
Source: Communiqué Académie nationale de Médecine
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