Gaz de schiste : le savoir-faire français reconnu à l’étranger
Publié Par Thibault Doidy de Kerguelen, le 14 janvier 2014 dans ÉnergieLes professionnels français ne s’arrêtent pas au diktat idéologique du gouvernement et remportent des marchés à l’étranger !
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Total et GDF Suez présent sur le marché britannique
La première compagnie pétrolière française, Total, va aussi devenir la première grande compagnie pétrolière à rechercher du gaz de schiste en Grande-Bretagne. C’est ce qu’a annoncé il y a deux jours le quotidien économique Financial Times.
Total a annoncé lundi un accord sur une licence d’exploitation dans la région des Midlands, actuellement détenue par l’Américain Ecorp. Les autres partenaires de ce projet sont Dart Energy (Singapour), Igas et Edgdon Resources (deux sociétés cotées en Grande-Bretagne). Total deviendra ainsi la deuxième société française à investir dans le gaz de schiste après GDF Suez, qui a annoncé le 22 octobre dernier un accord d’exploration, dont Dart Energy fait aussi partie, prenant en charge le financement du forage d’un maximum de quatre puits d’exploration dans le Bowland au cours des trois prochaines années.
David Cameron met le Royaume Uni à l’heure de l’énergie bon marché
Contrairement à la France, où les recherches de gaz de schiste sont interdites, la Grande-Bretagne veut exploiter les opportunités offertes par cette source d’énergie. Le premier ministre britannique David Cameron aurait mis en garde en décembre le président de la Commission européenne José Manuel Barroso sur le risque que l’Europe soit laissée sur la touche dans l’exploitation de cette source d’énergie controversée.
Le gouvernement britannique a décidé de créer un grand boom de la fracturation hydraulique à l’américaine. Cet accord, qui sera annoncé en grandes pompes lundi, sera considéré comme un grand vote de confiance dans l’industrie naissante du gaz de schiste du Royaume-Uni. La coalition a fait de l’exploitation de gaz non conventionnel de la Grande-Bretagne une priorité, offrant des allègements fiscaux pour les exploitants et de grands avantages pour les collectivités qui accueillent les foreurs.
George Osborne, chancelier, a fait valoir que le schiste a « un énorme potentiel » pour élargir la palette énergétique de la Grande-Bretagne, qu’il allait créer rapidement des milliers d’emplois et permettre au Royaume Uni de conserver une facture énergétique faible.
Malgré l’opposition des écologistes, les ministres ont insisté sur le fait que le développement du gaz de schiste devait aller de l’avant, citant en illustration les grands avantages économiques qu’il a apportés aux États-Unis. Un boom de la production nord-américaine de gaz naturel de schiste signifie que l’énergie aux États-Unis est maintenant trois à quatre fois moins cher qu’en Europe. Ce gaz bon marché a entraîné une baisse des coûts de l’énergie des ménages à l’avantage des consommateurs américains et provoqué une renaissance de l’industrie et une relocalisation d’une partie de la production.
Le gouvernement britannique se dit persuadé que la Grande-Bretagne peut, elle aussi, profiter du même sursaut. Les récentes estimations permettent de penser qu’il pourrait y avoir jusqu’à 36 000 milliards de m3 de gaz de schiste sous seulement 11 comtés anglais dans le nord et dans les Midlands. Même si seulement 10% d’entre eux étaient finalement extraits, cela équivaudrait à l’approvisionnement en gaz pour le Royaume-Uni.
Total sera prêt…
Total est, depuis longtemps, intéressé à investir dans les réserves de schiste du Royaume-Uni. La société, exclue de son marché d’origine, la France, possède un vrai savoir-faire qu’elle espère pouvoir démontrer aux autorités britanniques grâce à ce contrat qui couvre la fosse Gainsborough, un bassin géologique situé dans le Lincolnshire, zone considérée comme riche en gaz de schiste. Démontrer et perfectionner, la France ne pouvant pas rester éternellement à côté de cette révolution énergétique. N’oublions pas en effet que les réserves du sous-sol français sont encore plus riches que celles de nos voisins britanniques, comme le montre cette carte, parue il y a quelques mois dans… Le Monde !
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