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Nouvelle-Zélande : Christchurch et l’après séisme géré par l’État

Publié le 14 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints
Analyse

Nouvelle-Zélande : Christchurch et l’après séisme géré par l’État

Publié Par Contrepoints, le 14 janvier 2014 dans Océanie

Trois ans après les tremblements de terre qui ont secoué la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, quel bilan peut-on tirer de la gestion post séisme par l’État ?

Par Alexis, depuis la Nouvelle-Zélande.

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À peine quelques années se sont écoulées depuis les mois de septembre 2010 et de juin 2011. La première date correspond à la première « frappe » sismique sur la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, un tremblement de terre de magnitude 7.1 à seulement 10 kilomètres de profondeur. La deuxième date correspond au principal « aftershock », de magnitude 6.3, dévastateur en raison des dégâts souvent invisibles précédemment infligées par les secousses de 2010.

Et le bilan de ce dernier fut lourd, avec 186 personnes tuées lors du séisme de juin 2011, principalement dans l’effondrement de l’immeuble de la Canterbury Television (CTV building)

« Seulement quelques années » car on peine aujourd’hui à imaginer que si peu de temps se soit écoulé lorsque l’on se promène dans une des « red zone », zones déclarées « perdues » et inhabitables par la commission en charge de la gestion post-earthquake en Nouvelle-Zélande.

La végétation a envahi les rues, les maisons et les jardins mais l’intérieur des habitations, parfois encore rempli des effets personnels de leurs ex-habitants, donne l’impression paradoxale que le séisme n’a eu lieu que très récemment.

On peut rouler ainsi pendant des heures dans les rues désertes et au milieu des demeures abandonnées, à quelques minutes seulement du centre de la ville, partiellement détruit mais pourtant toujours vivant et habité. Les dégâts ont été principalement infligés par la liquéfaction des sols, qui se sont affaissés par endroit avec la remontée des eaux vers la surface. Il règne dans ces lieux une ambiance post-apocalypse, comme si un virus dévastateur y avait éliminé toute trace de vie. On sent alors la puissance potentielle des éléments et l’insignifiance des constructions humaines par rapport aux forces de la nature.

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Christchurch fut le théâtre d’un type de gestion « post-earthquake » par le gouvernement sans précédent dans le monde: au lendemain du tremblement de terre de juin 2011, la ville fut partagée en zones, définies selon le degré de destruction localement subie et le niveau d’instabilité des sols relevé. Plusieurs zones, comme celle décrite un peu plus haut, furent déclarées « red », soit temporairement inaccessibles au public et non-constructibles. L’ensemble des immeubles commerciaux ou des habitations dans ces zones ont été déclarés trop dangereux pour pouvoir être à jamais réoccupés. D’ici fin 2015, tous ces bâtiments et maisons devront être détruits et la nature laissée libre de reprendre tous ses droits. C’est l’État qui prit en charge le rachat de ces maisons, au prix de 2007, le précédent pic pour les prix de l’immobilier local.

Un second type de zone a été défini et classée « orange ». Et ce sont ces zones qui posèrent et posent encore problèmes, car dans celles-ci, les habitations doivent être contrôlées l’une après l’autre par l’Earthquake Commission (EQC), largement incapable en termes de ressources d’achever ce travail dans des temps acceptables. C’est pour cela qu’aujourd’hui encore, des gens attendent dans leurs maisons, parfois sérieusement endommagées, l’inspection et la décision de l’EQC. Bien sûr, impossible de vendre ces maisons et impossible de recevoir quoi que ce soit des assurances avant inspection. Les températures descendant sous zéro en hiver à Christchurch, on imagine le confort dans ces habitations lorsque souffle le vent glacé de l’antarctique…

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Le manque de personnel de l’EQC a forcé la commission à embaucher rapidement et via une formation minimaliste, une grande quantité de professionnels parfois sans aucune formation ni expérience valable dans le génie civil. Il s’en est suivi un mécontentement chez un cinquième des propriétaires, insatisfaits des réparations faites par l’EQC. Et pour cause puisque plusieurs experts affirment qu’un bonne partie des inspections, consistant principalement à mesurer les mouvements de sol provoqués par le tremblement de terre, n’ont pas été faites correctement. Certaines maisons, structurellement en bon état ont donc été détruites tandis que d’autres, fortement fragilisées, sont toujours habitées.

Le CTV building, où sont morts 116 personnes en juin 2011, avait aussi été inspecté et déclaré sûr par les inspecteurs de la ville de Christchurch, et ce lors de plusieurs inspections conduites à la suite du séisme de septembre 2010. De quoi rassurer lorsque, de temps à autre, le sol se met à vibrer à nouveau…

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