Trop de journalistes, pas assez de questions... et de réponses... N'est-ce-pas la loi du genre ?
1. François Hollande ne parlera pas de "toute la gauche".
N'en déplaise à ses supporteurs, Hollande a choisi de se fermer à son opposition de gauche, tout en voulant occuper le terrain idéologique de son opposition de droite. Certes, il tend la main aux écologistes, depuis ses voeux du 31 décembre. Sans doute est-il donc conscient de sa fragilité. Mais pour le reste, son silence est de plomb...
"François Hollande a besoin de toute la gauche" rappelait Emmanuelle Cosse. Lors de son passage au Grand Jury iTélé/Le Monde/Europe1, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts a rappelé cette évidence.
2. François Hollande niera tout virage à droite. D'ailleurs, même à gauche, on ne le lui reproche pas. Son opposition en était persuadée, ses supporteurs défendent qu'il n'a pas changé. Ses voeux du 31 décembre 2013 ont accéléré une prise de conscience chez certains, l'envie d'en découdre chez d'autres. Le plus grave serait que François Hollande lui-même sous-estime le phénomène. C'est un travers historique, au Parti socialiste, de penser que la gauche se retrouve dans les urnes le moment venu. L'histoire, même récente a prouvé le contraire.
3. François Hollande ne parlera pas de Nicolas Sarkozy.
L'ancien monarque a déjeuné avec jean-François Copé. Les deux ont failli être brouillés après que Sarkozy ait déclaré, "off" bien sûr", combien Copé était nul. Nicolas Sarkozy prépare son retour, pour l'automne, avant la campagne de 2017.
4. François Hollande ne fera pas d'humour. Ou très peu. On ne sait jamais. Sa blague sur l'Algérie, lors d'un d'un dîner du CRIF, a agité la vrauche et des dignitaires algériens. Une autre avec un sabre en Arabie Saoudite a provoqué le malaise des professionnels de l'indignation impeccable. On se souvient de cette autre blague, il y a un an.
5. François Hollande parlera de Manuel Valls. Mais il n'en dira pas plus. Le ministre de l'intérieur, paraît-il, engrange les soutiens ... au PS, après sa "victoire" contre Dieudonné. ce dernier a finalement annulé la tournée de son spectacle "Le Mur". Il a même promis d'abandonner carrément le dit spectacle. Hollande aura un mot sur la défense de la République.
6. François Hollande ne pourra pas promettre quel jour précis le chômage commencera enfin à baisser. La question, pourtant, lui sera posée. La presse et l'opinion ont besoin de "marqueurs" simples. Hollande pourra se satisfaire de quelques timides mais bons indicateurs économiques: le nombre de faillites d'entreprises en France ont augmenté en octobre et novembre, mais "à un rythme moins soutenu" d'après la Banque de France. L'industrie va un peu mieux, mais "à peine mieux". Hollande pourra aussi faire valoir du soutien public de l'Allemand Martin Schultz, l'actuel président social-démocrate du parlement européen, à l'égard de son action: "François Hollande mène la bonne politique économique".
7. Hollande ne parlera pas de la faiblesse de sa politique sociale. Sauf à ce qu'un journaliste persévérant et attentif ose enfin le confronter à quelques points simples: (1) en période de chômage massif, n'est-il pas incohérent d'allonger encore davantage la durée de cotisations aux retraites ? (2) en période de licenciements encore massifs, n'est-il pas incohérent de "faciliter" les licenciements via la loi de flexi-sécurité ? (3) en période de précarité grandissante, largement héritée de la décennie précédente, pourquoi autant coup de pouce ou vrai sauvetage des classes populaires n'a-t-il été entrepris ?
8. François Hollande évitera de parler de Julie Gayet et Valérie Trierweiler. Il ne dira pas non plus pourquoi il a échoué à sortir la vie privée de la sphère publique. Nous ne sommes pas le 8 janvier 2008 quand un autre président commentait, après quelques apparitions massivement médiatisées avec sa nouvelle compagne, "Avec Carla, c'est du sérieux". Même si les premiers sondages placent cette affaire dans le domaine privé pour une large majorité des sondés, cela n'empêchera pas quelques journalistes de tenter de l'interroger. Et d'autres de supputer que cette affaire, finalement, l'arrangerait bien.