De notre quête incessante pour découvrir des endroits où écouter de la musique, j'en ai déjà parlé dans Red Town. Nous cherchons de nouveaux endroits, mais nous avons nos "classiques", un peu rares à mon goût. L'un d'entre eux est le Cotton Club, jamais plus éloigné de 15 minutes à pied de nos domiciles successifs.
Ce bar sombre et enfumé se vante d'être le plus vieux de Shanghai et l'un des premiers à avoir ré-ouvert (une fois que la révolution culturelle n'était plus qu'un mauvais souvenir, je suppose, années 90 ? 2000 ? je n'ai rien trouvé à ce sujet). Il fait vintage et ce n'est qu'une partie de son charme. La musique est bonne, calme, bluesy ou jazzy en semaine, dans une atmosphère presque recueillie, plus déjantée le week-end, selon l'ambiance. La semaine, on peut se glisser dans un fauteuil et siroter son drink sans problème; le week-end, il faut jouer des coudes pour s'approcher de la scène et s'accrocher à son verre pour qu'il ne soit pas renversé par ceux qui auraient la même idée que nous.
Au début de notre séjour, en 2010, je n'aurais pas osé franchir le seuil plutôt discret de l'établissement. Que l'on ne me demande même pas pourquoi, c'est comme ça, je suis coincée, il me faut du temps pour prendre mes marques. Mais quand j'aime, c'est parti ! Ce que j'aime là, c'est avant tout la musique, ma musique, délivrée par de très bons musiciens. Selon les soirs, en plus du groupe de base (guitare, basse, batterie, chant), les musiciens ont encore le support d'un trompettiste et/ou d'un harmoniciste. C'est le seul endroit que j'ai visité où je peux parfois savourer les envolées de trois guitares, là je ferme les yeux...
Avec du recul, je réalise que nous sommes peut-être arrivés lorsque le Cotton Club amorçait un virage; la chanteuse attitrée venait de décéder, il fallait trouver un nouveau souffle. Depuis, nous avons dégusté de nombreuses voix, Denise, Arlene, Apphia, Raina, Ginger... et d'autres dont je n'ai pas retenu le nom.
Depuis, nous avons nos connections - tellement importantes partout ici -, nous sommes reconnus, voire accueillis par un des serveurs. Fini de mettre en péril nos boissons dans des bousculades, fini de ne pas pouvoir nous relaxer totalement au son de la musique parce que nous surveillons les places qui se libèrent. Depuis, on nous trouve toujours un coin pour nous asseoir... Dommage que s'extirper des chaises soit souvent si difficile pour les clients. Sur une musique pareille, on a envie de bouger...
http://www.thecottonclub.cn/