Bon d’accord il y a peu de chance, ce n’est pas du tout du tout mon genre, mais si par une journée promotion sur le blanc on liquide le kleenex je m’en viens me plaindre geindre pleurer des rivières sur votre virtuel giron comme quoi la vie est une injuste chienne, que ce sont toujours les même qui ont tout, la poire et le fromage, sont et ont été Noël et Pâques au balcon …
… Secouez-moi !
Si vous me surprenez que vous me surprenez coincée entre vieux clichés et polaroid, de ceux qui font rimer amour et toujours …
… rappelez moi qu’il s’agit d’une rime pauvre, bien moins riche qu’humour et glamour, et qu’on ne le soulignera jamais assez cela marche aussi avec topinambour
Mais si vraiment je m’obstine à m’épancher comme vache qui pisse, vise l’Oscar pour mon interprétation d’Hellen Keller, appelez les urgences psychiatriques susurrez moi à l’oreille (je ne sais pas vous, mais moi j’aime bien que l’on me susurre à l’oreille, et je préfère que l’on me susurre plutôt que l’on me chuchotte, je trouve cela plus joli à l’oreille, ce qui tombe plutôt bien et pas dans l’oreille d’une sourde), qu’un jour je vous ai raconté avoir rencontré
"un gentil petit couple si vieux si charmant si ancien que ses membres en devenaient indifférenciables, un gentil petit couple de jumeaux, monozygotes si ce n’était le sexe, bien que le sexe à leur âge semblait le dernier (après migraine, prostate, descente d’organe, sècheresse vaginale) de leurs problèmes.
Deux frêles silhouettes, enfin lui, parce que elle était plutôt replète accrochée à son chariot, lui fragile arque-bouté sur ses cannes, deux grises silhouettes, elle boudinée dans son manteau, lui efflanqué dans sa gabardine, mot désuet et d’un autre âge comme leurs accoutrements.
Je les regardais de loin envieuse ne se quittant pas d’une semelle, semelle en feutre de leurs confortables charentaises, pas du regard, bleui par une même cataracte. J’imaginais émue leurs vies, leur vie, leurs joies leurs peines, les cris et les silences, les naissances les décès, les épreuves traversées, les tempêtes essuyées selon les termes consacrés.
J’imaginais alors que déjà nous nous éloignions, je songeais lorsqu’au détour d’un rayon je fus extirpée de mon mélancolique rêve par des voix roques et hargneuses, stridentes et chevrotantes inlassables dans la dispute … Mon gentil petit couple obstruait obstinément l’accès aux linéaires de vins et spiritueux aux braves gens, dont moi, partageant avec nous à nos ouïes défendantes l’opportunité d’un achat, l’heure d’une livraison, le programme télé, une badoit ou un évian, et que sais-je encore qui invariablement tournait vinaigre
Alors je les ai regardés, de près, avec mes lunettes je les ai vus, j’ai vu leurs visages déformés par une même haine, j’ai vu la haine incandescente dans leurs yeux, dégoulinante de leurs lèvres, j’ai su que la haine les maintenait vivants, aucun ne voulant concéder à l’autre le droit et la joie de le conduire dans la tombe.
Oui, rappelez moi mon dégoût ma nausée, et combien intensément (et silencieusement) je me suis écriée
Oh mon Dieu soit loué Parce que toi je ne sais pas, mais Dieu merci le divorce lui existe ! Je sais ton pape a dit, et tout ce qu’il dit est parole d’évangile, que tu es contre, d’accord, mais ça c’était avant, avant quant quand on vivait son quart de siècle, tirait sa révérence et plongeait dans l’éternité. Aujourd’hui, times are changing, l’éternité n’est pas pour demain, à moins que tu nous aies concocté une apocalypse minut’surprise, le centenaire devient légion voire commun, et les meilleurs partent en premier … chez l’avocat déposer leur demande de divorce !
Alors puisque rien ne dure, ni le mariage, ni l’amour, ni le célibat, ni la stase haineuse de nos vioques témoins devant la bouteille convoitée, je m’en vais donc trinquer à la vie, aux vivants, aux éternels (re)commencements !
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