Si tu es un music lover, tu as forcément un artiste que tu ne manques jamais. S’il est en ville, tu es là aussi. Ça va de soi. Pour moi, l’un de ceux-ci est Jake Bugg.
Ce qui est plutôt féérique dans cette histoire, c’est que, puisqu’il est admis que le charisme du jeune anglais est comparable à celui d’une thermopompe, tu sais à l’avance à quoi t’attendre : les tounes vont être sua coche, mais y’a de grosses chances qu’il n’adresse pas un mot à la foule et qu’il dévisage tout le monde avec son regard mi-timide mi-tourmenté pendant une heure et demie. Et c’est correct de même. On est là pour la musique.
Il y a par contre au moins 5 personnes qui n’étaient pas là pour la musique et qui ont effoueré à coups de manque de savoir-vivre le charme des minutes passées avec Jake Bugg.
J’espère que vous êtes à l’écoute VOUS cinq qui avez mis votre grain de sel souillé dans cet instant de magie. Reconnaissez-vous, soyez honteux et dites-vous qu’il y a des grosses chances que vous alliez en enfer… vous cinq qui auriez mérité d’être slogués au show de Jake Bugg.
La fille qui chantait comme s’il n’y avait pas de lendemain
Mi-spectacle. Belle chanson nécessitant le silence de la foule. Broken. Un beau slow super touchant. Là toi, fille qui chante comme s’il n’y avait pas de lendemain, tu te dis que le silence d’église qui devrait normalement régner, c’est pour les autres. TOI, tu sais chanter. Comme si tu me susurrais Broken à l’oreille, la yeule à deux pouces de mon tympan, tu gueules les paroles que tu sais par cœur (tu changes quelques mots, mais c’est sûrement ta version. C’est super). Probablement que ta mère t’a déjà dit que tu chantais comme Céline et que tu t’es dit que, de surcroit, tout le monde qui assistait au concert de Jake Bugg devait avoir envie de t’entendre chanter. Peut-être, aussi, que tu as été élue reine du karaoké vendredi passé à l’Astral 2000, ou même chanteuse étoile du talent show de ta polyvalente en 2002, mais nous, on a tous envie de te le dire que tu brises le moment et que tu mérites la torture. Aussi, quand, entre chaque toune tu t’écries « J’VEUX LIGHTNING BOLT » et que c’est finalement la dernière chanson du RAPPEL, et bien ça fait au moins 15 autres moments dans la soirée où tout le monde a envie de te faire avaler ton immonde sacoche en minou.
Le couple qui mettait des effets sonores à ses frenchs
Un autre moment qui mérite que tu te la fermes. Simple As This. Chanson toute simple dans laquelle Jake parle d’une espèce de quête de sens à la vie, une quête qui trouve sa solution dans la découverte de « it », « it » étant cette personne si spéciale. Et vous deux, membre de ce couple qui vous embrassez tels des amants condamnés au bûcher, c’est sûr, vous vous reconnaissez dans cette chanson. C’est probablement « votre toune » et vous décidez donc de faire un french kiss challenge qui durera pendant toute la pièce. Pas besoin de reprendre votre souffle, ni d’essuyer la salive qui imbibe vos t-shirts. Pendant cette toune-là, la vie est trop courte pour ne pas se frencher. Pour vrai, jusque-là, je vous respecte presque, mais… vous y mettez du BRUIT. Avec la même intensité sonore que la fatigante numéro 1, vous nous laissez savoir que vous vous aimez avec des bruits de succion et d’échange de fluides. C’est déconcentrant guys.
Les gens qui voulaient capter des vidéos de piètre qualité pour revivre les meilleurs moments de la soirée dans le confort de leur foyer
NON. Ce n’est pas l’fun de regarder 30 secondes de ta chanson préférée sur l’écran de ton téléphone le lendemain du show. Jake Bugg est LÀ LÀ. En vrai. Il s’est déplacé juste pour toi, il a traversé l’océan pis toute. Sa chaire pis ses os sont là dans ta face et toi, ce que tu as envie de faire à ce moment-là, c’est d’élever tes bras dans les airs, bloquer la vue de tous les gens qui mesurent moins que 6 pieds, et devenir un cinéaste d’un soir. Ce qui est super avec cette vidéo hautement professionnelle que tu vas pouvoir montrer à toute ta parenté qui s’en sacre, c’est que, sans même t’en rendre compte, tu filmes juste les bras des autres morons qui font la même chose que toi. Aussi, sache que si j’ai décidé d’attacher mes cheveux en chignon, ce n’est pas parce que je voulais servir de trépied à ta caméra de marde. J’aimerais te dire que mes cheveux ne sont pas à ta disposition et que ta vidéo n’intéressera personne, mais je préfère t’écraser les pieds par « inadvertance » de temps en temps.
Celle qui avait abusé de la drogue
Le spectacle est terminé, les gens sont comblés. J’explique à mon amie que je suis vraiment contente et émue d’avoir, une fois de plus, pu observer les prouesses de Jake. Tout à coup, tu arrives, toi qui a abusé de la drogue, et tu me sers dans tes bras comme si j’étais ton enfant revenu d’Afghanistan sain et sauf. Tu me cries dans l’oreille « MOI AUSSI IL ME FAIT PLEURER JAKE BUGG » et moi je me demande à quel moment de la soirée je t’ai autorisée à devenir si intime avec ma personne. Tu ne sens pas très bon, t’as pas l’air toute là et tu agis comme si on était des amies de longue date. Tu as perforé ma bulle avec ta proximité inconfortable et j’ai déduit que tu faisais probablement partie du groupe désagréable qui improvisait un hot box peu subtil dans un racoin de la salle de spectacle un peu plus tôt. J’ai rien contre la drogue dans les shows. Ça fait partie de la game, mais assure-toi que tu demeures la seule personne affectée par ton choix.
Celui à qui on ne devrait pas donner le pouvoir trop souvent
En route vers le vestiaire, on se demande si on aura assez de vivres pour atteindre notre but : cueillir nos manteaux avant d’atteindre la trentaine. Dans la file d’attente de type « lendemain de Noël chez Future Shop », tout le monde est vraiment zen, chacun subit paisiblement l’influence collatérale des substances fumées par la fatigante numéro 4. On est aux antipodes de l’émeute. Sérieux. Et toi, celui à qui on ne devrait pas donner le pouvoir trop souvent, tu es in charge du vestiaire et tu as choisi de déverser sur ce public stone toute ton autorité refoulée durant ta vie. « LES COUPONS VERTS SEULEMENT » que tu cris à quiconque déciderait de se faufiler avec un coupon d’une autre couleur. Et à ceux qui se tromperaient de côté pour se diriger vers la sortie : « DE L’AUTRE CÔTÉ AVEC VOS MANTEAUX. DE L’AUTRE CÔTÉ J’AI DIT ». Pendant 10 minutes, on est dans Unité 9 et c’est la « pas fine » qui supervise nos déplacements. J’ai juste envie de te dire de demander un peu de son stock à la fatigante numéro 4, mais je suis trop occupée à me faire dire que mon coupon est bleu et non vert. Je me suis trompée. Les coupons ont tous l’air blancs. Ok. T’as raison. Je connais pas mes couleurs. #faismoicoulermamaternelle