Disappears – Era

Publié le 13 janvier 2014 par Hartzine

La période de gloire n’aura pas duré bien longtemps. Il n’y a même pas un an, Disappears était encore sur toutes les lèvres lorsque que Steve Shelley, batteur de Sonic Youth, s’offrait une petite récréation au sein du groupe. Mais celui-ci rapidement reparti à ses petites affaires (le nouveau projet de son ami Lee Ranaldo), la bande de Chicago est aussitôt retournée dans le relatif anonymat qui était le sien. Pas de quoi les perturber pour autant.

Car Disappears a commencé à poser les premières pierres de son édifice sonore en 2008 et ce début de notoriété ne les a en aucun cas fait changer leur plan. SiPre Language pouvait laisser présager un léger adoucissement de leur identité bruitiste, recouverte alors d’une fine couche pop, l’EP Kone sorti en début d’année a rapidement remis les pendules à l’heure. Trois titres et trente minutes d’exploration sonique plus tard, on est sûr d’une chose : Disappears n’a absolument aucune intention d’attirer les foules mais cherche plutôt à appâter l’aventurier audacieux aux oreilles aguerries. Âmes sensibles s’abstenir.

Confirmation dès les premières secondes de Girl, la magistrale entrée en matière d’Era. Brûlot noise par excellence, le morceau a de quoi effrayer le clampin perdu sur cette terre sentant le chaos. Même lorsque ça devient groovy, ça flirte toujours avec le côté obscur de la force. Un groove lugubre, qui glace le dos et hérisse les poils (Weird House). Era se veut être une nouvelle ère, un nouveau commencement pour Disappears. Une nouvelle page qui se tourne. « A new house in a new town » répète infatigablement Brian Case sur le titre final, comme un symbole de cet état d’esprit. Mais si la rupture avec l’album précédent est indéniable, elle n’est pas non plus si nette que ça. Tous les ponts avec le passé n’ont pas été coupés, loin de là. On retrouve en effet sur Era des schémas que le groupe de Chicago exploite à merveille depuis ses débuts. Ultra en est l’incarnation parfaite avec ses inlassables répétitions, tant dans les boucles krautrock que dans les paroles (« If you go, I’ll go »). Durant neuf minutes, le morceau monte inexorablement en tension, faisant resurgir les pensées les plus sombres et anxiogènes, soutenu par un chant monolithique. « A new house in the same town » serait sûrement une formule plus juste. Dans tous les cas, c’est un bien bel édifice.

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