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Concert : Vanessa Wagner, Roman Brogli et l’orchestre Colonne à la Salle Pleyel

Publié le 13 janvier 2014 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
 © ygurvitz - Flickr

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Un dimanche après-midi pas comme les autres. Direction la Salle Pleyel pour un concert de l’orchestre Colonne avec Vanessa Wagner comme invitée soliste au piano. Au programme : du contemporain et du grand répertoire.

On démarre fort avec Thierry Lancino. On découvre ce compositeur français né en 1954 dans la Vienne pour le prélude de son opéra La Mort de Virgile. Musicalement il s’agit de dépeindre les tourments et doute du poète antique. Surprenant.

Le programme se poursuit avec une pièce courte de Richard Strauss, Till Eulenspiegel (Till l’Espiègle), poème symphonique dont le titre complet est « Les farces joyeuses de Till l’Espiègle » et qui adopte un format couplet-refrain.
Puissant, orchestral, mélodique et donc forcément très entrainant avec un thème principal repris et décliné. Une vingtaine de minutes pour une œuvre qui ne nous laisse pas le temps de reprendre notre respiration.

Enfin, le concert se termine avec un autre poème symphonique, Pini di Roma (Les pins de Rome) du compositeur italien Ottorino Respighi qui rend hommage à la ville de Rome et à ses environs avec cette œuvre divisée en quatre parties comme quatre lieux romains et qui s’inscrit dans un tryptique sur Rome avec Fontane di Roma et Feste Romane. Musicalement c’est une très belle montée dramatique. D’abord entêtant avec un dénouement lumineux, sorte de libération musicale.

La pièce maîtresse de ce programme : le concerto pour piano et orchestre n°4 de Beethoven. Des cinq concertos de Beethoven nous avons une affection particulière pour celui-là. Originale, sa forme ne suit pas les préceptes académiques. Vivant, vibrant, le concerto est fluide, dynamique, mélodique. Le deuxième mouvement est d’une poésie rare avec un face à face superbe entre un orchestre lourd et angoissant et un piano fragile et plaintif.

Au piano, la belle Vanessa Wagner, grande amie de Pascal Dusapin, interprète solide capable de passer du pianoforte à une collaboration électro avec Murcof tout en assurant la direction artistique du festival de Chambord.
Pour l’accompagner l’orchestre Colonne, du nom d’Edouard Colonne, violoniste et chef d’orchestre qui créa cet ensemble à la fin du XIXème siècle et qui a permis de participer au renouveau de la musique symphonique française.
A la direction le chef suisse Roman Brogli Sache, plutôt connu pour avoir travaillé pour l’opéra et plus précisément dans le Nord de l’Allemagne et à Lübeck en particulier.

La concert débute avec la pièce de Thierry Lancino. Il s’agit de cette musique contemporaine à laquelle nous sommes difficilement sensibles. Mais il se dégage un bel effet d’ensemble, une ambiance angoissante et oppressante très bien orchestrée.

On enchaîne vite avec le concerto de Beethoven et l’arrivée sur scène de Vanessa Wagner. Très vite on est saisi par la maîtrise technique de la soliste, impeccable et tout en délicatesse.  L’orchestre est très juste mais manque de mordant. C’est d’ailleurs le constat général : il ne se dégage pas de véritable souffle de ce premier mouvement et ce malgré Vanessa Wagner qui nous offre de très beaux moments de virtuosité et démontre une très belle technicité.
Dans le deuxième mouvement, notre préféré, l’orchestre est bien trop lourd à notre goût. Vanessa Wagner à l’inverse arrive à nous donner la chair de poule. Les notes s’allongent peut-être à l’excès mais ce mouvement court laisse cette liberté à la soliste et Vanessa Wagner aurait tort de se priver de ce plaisir !
Enfin avec le troisième mouvement la pièce se termine mieux qu’elle n’avait commencé. Le tout est beaucoup plus relevé, le caractère enjoué du mouvement permet aux musiciens de se lâcher un peu plus et de faire preuve d’une énergie pertinente.
En rappel Vanessa Wagner revient avec une oeuvre de Schubert sans réelle nouveauté d’interprétation mais c’est une manière agréable de finir la première partie de ce concert.

On revient après l’entracte avec Richard Strauss avec une oeuvre quasi ludique. Les différents pupitres s’interpellent, se répondent comme dans un jeu avant de s’unir. La direction de Roman Brogli est simple et va à l’essentiel. Un rendu dynamique parfois jazzy. On adhère.

Pour conclure le concert la pièce de Respighi nous surprend avec ses thèmes très imagés, presque cinématographiques. On a du mal à saisir l’évocation de Rome et ses pins. Puis la musique se calme, le piano entre en jeu, puis la clarinette et soudain un chant d’oiseau s’invite à la fête. L’oeuvre se termine avec un tutti impressionnant pendant lequel les forces se déchaînent. On en sort bluffé !

Un concert parfois en demi teinte qui nous a donc offert de belles surprises surtout dans la seconde partie.

Notre dernier concert à Pleyel ? Souvenez-vous.



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