Entretien avec Abdelhak Lamiri

Publié le 13 janvier 2014 par Ouadayazid1

Le Courrier d’Algérie : On assiste ces dernières semaines à une flambée sans précédent des prix des produits alimentaires comme le yaourt et les légumes secs. Est-ce que c’est dû comme on en parle aux prix élevés sur le marché international ?

Abdelhak Lamiri : Les prix ont bel et bien augmenté sur les marchés internationaux. Cette situation explique une partie des hausses que nous connaissons, mais une partie seulement.

Si c’est le cas est-ce que vous trouvez ces augmentations logiques par exemple pour le yaourt avec 10 da l’augmentation pour la boite, alors que les légumes secs le prix a triplé. Est-ce justifié ?


Les augmentations au niveau international vont de 30 à 60% et certains prix nationaux ont plus que doublé. On a cette habitude chez nous de profiter des hausses des prix internationaux pour rajouter des marges. On a plus que répercuté les prix internationaux. Pour certains produits, dont ce n’est pas la saison, la production sous serre explique aussi une partie de la hausse.

«On a plus que répercuté les prix internationaux»

Certains spécialistes attribuent ces augmentations à la dévaluation du dinar. Est-ce que vous partagez cet avis ?


Mathématiquement la dévaluation du dinar ne peut expliquer que 10% d’augmentation des prix. Au-delà de ce taux la dévaluation n’a rien à voir.

Ailleurs les prix augmentent et baisse selon le marché international, mais chez-nous lorsque les prix augmentent ils ne baissent jamais malgré leur baisse sur le marché international. Pourquoi cette situation ?


Ce phénomène apparait dans les économies où la compétition est insuffisante. Ce que les anglo-saxons appellent « sticky prices ». Le secteur de la distribution est peu professionnel. La compétition est faible. Dans ce cas, les distributeurs répercutent plus que les marges et lors d’une baisse ils répercutent très peu les fléchissements des prix. Ce phénomène est bien connu lorsque la distribution est insuffisamment compétitive.

Est-ce que les autorités concernées jouent pleinement leur rôle dans ce sens, c’est à dire le contrôle ?


L’État peut contrôler les prix qui sont subventionnés et exiger de garder les marges constantes. Mais il faut avoir des contrôleurs en nombre et en qualité en plus d’un dialogue permanent avec les entreprises concernées. Mais pour les prix des produits libres le pouvoir d’intervention de l’État est limité;

Le ministre du Commerce, M. Benbada, a souligné la nécessité de renforcer la production locale pour réduire la facture de l’importation des produits alimentaires qui frôle les 9 milliards de dollars, indiquant que les importations des légumes secs et du lait constituent 60 % du volume des importations. Qu’en pensez-vous ?


Bien sûr que la production nationale est la solution idoine. Mais cela fait cinquante ans que l’on parle de cela sans savoir le faire. Il faut toute une «réingénierie» de l’économie nationale pour pouvoir  produire nationalement et efficacement.
 

Entretien réalisé par I. B

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