Par une nuit d’orage, dans l’un des derniers hôpitaux militaires de la Côte atlantique, un interne disparaît après qu’un de ses patients a été sauvagement assassiné.
Bouleversé par la disparition de son confrère, Tom Castille se lance sur ses traces en même temps que les gendarmes. Bientôt il découvre une chose troublante. Dans cet hôpital, un ancien monastère construit par les Augustins mille ans plus tôt, d’autres disparitions ont eu lieu, dans des circonstances semblables…
La route du Dr Castille croise celle de Sophie, une femme au comportement étrange, et celle d’un flic au physique de rugbyman. Ensemble, ils repoussent les limites du possible et remontent dix ans, trente ans, deux cents ans en arrière pour découvrir le secret des mystérieux ressacs du passé.
Parce que c’est là que se trouve la clé, préservée par la roche et l’océan. Parce que ici plus que nulle part ailleurs, personne n’échappe à son destin. Il vous attend, vous guette et finit toujours par vous rattraper…
Mon avis
Dans le cadre d’un premier roman, c’est plutôt pas mal d’être adoubé par Franck Thilliez himself. Mais en même temps, les attentes concernant cette lecture montent subitement d’un gros cran.
La dernière page tournée, on se dit que la « filiation spirituelle » avec Thilliez est assez évidente : leurs univers se rapprochent, même si Kennedy a clairement su imprimer sa patte dès son premier essai. Deux auteurs, mais cette même inclinaison à privilégier l’intrigue avant tout.
Il y avait pourtant de quoi se perdre et se laisser submerger par cet récit à tiroirs, où les vagues successives vous submergent, où les rouleaux vous emportent au loin avant de subitement vous ramener au rivage de la compréhension.
Le titre est bien trouvé, dans cette histoire où la mer et l’eau prennent une place prépondérante. On navigue tout au long de cette lecture dans une ambiance liquide, glissante et poisseuse. Mer et pluie, le long de cette côte atlantique qui devient très vite un personnage à part entière du roman.
Ressacs est un thriller un vrai, du genre à vous empêcher de poser le livre, toujours en immersion dans cette histoire complexe et assez prenante.
La trame de base est connue, le thème pas le plus original qui soit. Mais l’auteur s’en sort fort bien, le traitement du récit est bien maîtrisé, l’atmosphère bien construite. L’histoire est alambiquée et vous entraîne dans un tourbillon violent sans que l’auteur ne prenne le bouillon.
Parce que, ce qui est assez étonnant pour un premier roman, c’est l’adresse avec laquelle Kennedy tient la barre sans grand flottement. Je regrette juste certaines redites vraiment inutiles et qui n’apportent vraiment pas grand-chose, mais sans que la houle de l’intrigue ne vienne heureusement vous perdre en route.
L’écriture de Kennedy est sobre, et le style particulièrement fluide (sans aucun jeu de mot). C’est ce qui m’aura impressionné au-delà de cette intrigue machiavélique. Je trouve que souvent les jeunes auteurs ont tendance à en faire un peu trop, à alourdir inutilement leur écriture. Kennedy a déjà le talent de ne pas tomber dans l’excès stylistique, de se mettre exclusivement au service de son histoire, et ça c’est une qualité indéniable pour moi, qui augure de futures plages de lectures ensoleillées en sa compagnie.
En bref, un vrai thriller oppressant, mais qui jamais ne perd de vue la dimension humaine et une intrigue pleine de remous qui réserve son flot de surprise. Dans le genre, malgré quelques légères imperfections, c’est un divertissement de qualité et une nouvelle plume française à suivre de près.
Sortie : 09 janvier 2014
Originalité de l’intrigue : ♥♥♥ 1/2
Profondeur de l’histoire : ♥♥♥♥
Psychologie des personnages : ♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥♥
Note générale : ♥♥♥♥