Après mon billet sur Nino Ferrer, on va revenir pour mes chroniques musicales, à des artistes plus contemporains, avec, en ce second dimanche de 2014, un artiste dont j'entends parler depuis pas mal de temps depuis que je suis sur Lyon.
En effet, Philippe Prohom (plus connu sous son simple patronyme), puisque c'est de lui dont il s'agit, est un auteur compositeur interpretre qui vient de Lyon et qui y habite encore régulièrement, et toute la presse locale n'a cessé de vanter, depuis que je suis sur Lyon, les mérites de cette gloire locale qui a commencé à percer voilà déjà plus de 10 ans, en étant notamment récompensé du "Prix de la Sacem" en 2000, puis de celui tout aussi glorieux de "Découverte du Printemps de Bourges" en 2001
Mais, en dépit de tous ces bons échos que j'entendais sur cet artiste qui ne vend pas forcément des tonnes de CD mais qui bruisse quand même d'un écho très favorable chez les professionnels de la musique , je n'avais jamais pris la peine d'écouter ce qu'il faisait. Je savais que le type, intègre jusqu'au bout des ongles, avait claqué la porte d'une major il y a quelques années, et que depuis, il galerait pour tenter de sortir un nouvel album de façon autonome, malgré un savoir faire reconnu par tous en tant qu'auteur et surtout en tant que mélodiste hors pair.
Et heureusement, la sortie en 2013 de son 4ème album, Un monde pour soi a été l'occasion de découvrir et d'apprécier l'univers d'un artiste qui a la particularité de mélanger la chanson française traditionnelle à des sons pop-rock tapissés d'électro.
Débarassé des contraintes des grands studios, l'artiste renoue désormais, après un second et un troisième album plus éloigné de ce qu'il faisait à ses débuts, avec ses amours premières, résolument électro-rock. On sent que Prohom est en parfaite osmose avec ses choix musicaux, et cela se ressent complètement à l'écoute de l'album dans son intégralité.
"Un monde pour soi" est en effet un opus parfaitement calibré et maitrisé de bout en bout, avec un très bel équilibre entre plaisir mélodique et plaisir du texte. J'ai particulièrement apprécié le premier single Comment lutter", "L'encre au bout de tes doigts ", ou encore Madame Canaille ( dont le titre pourrait faire penser à un personnage de Monsieur Madame, mais la chanson...pas du tout :o) sans oublier ce duo remarquable, "Au coin des rues", avec la charismatique Carmen Maria Vega ( lyonnaise aussi, on joue ici à fond la carte de la solidarité locale), qui joue ici avec brio d'une émotion toute retenue. Prohom signe dans cet album solide, des textes engagés et contestataires sur l'absurdité et les contradictions de la société et de l'humanité, avec ce qu'il faut de justesse et de légère ironie pour toucher juste. La réussite de cet album est certainement dû à ce parfait alliage entre ces pamphlets pertinents et percutants, et cette sonorité mélangeant rocks et electronique qui donne un effet intense à l'ensemble, comme l'illustre parfaitement ce clip , "Je voudrais que tu sois morte", pas forcément ma chanson préférée de l'album ( un peu trop nihiliste pour moi quand même), mais qui donne quand même une bonne idée de l'univers du bonhomme dont je suivrais désormais la suite de la carrière avec une curiosité évidente.