Deux mois plus tard, me revoilà ! (Bonnanéééé !) Oui, j'ai un peu délaissé l'écriture en cette fin d'année 2014. J'ai même délaissé la lecture en fait. J'ai passé mon temps la tête dans mes projets, et j'étais trop occupée par le mois décembre qui est un mois difficile dans le commerce, comme vous pouvez vous en douter : heures supplémentaires, plus de fatigue et moins de temps pour soi-même. Ce fut un mois difficile de différentes façons (confrontation façon Far West avec ma boss, stress de la foule des clients de Noyel...), mais un mois qui m'a ouvert les yeux sur l'urgence d'ouvrir mon propre commerce, c'est pourquoi les choses s'accélèrent et mon associé (J.) et moi sommes en train de chercher des locaux ! Nous espérons voir notre librairie ouvrir ses portes au grand public en septembre prochain alors croisons les doigts et touchons du bois.
J'essaye de garder un certain rythme de lecture mais je suis complètement dépassée par la production du moment et ma motivation pour lire des livres qui ne sont ni de la Sf ni de la Bd est égale à zéro. Malgré tout je peux vous faire un petit topo de mes dernières lectures depuis novembre, histoire de vous dire ce que j'ai aimé, bien que la liste ne soit pas très longue.
American Desperado de Evan Wright et Jon Roberts (Ed. 13ème note) Ce n'est pas un roman, c'est plutôt le résultat d'une collaboration entre Evan Wright, journaliste, et Jon Roberts, ancien mafieux New Yorkais dont le CV ferait pâlir Scorsese et Robert De Niro dont les frasques cinématographiques ne sont pas très éloignées ! Car oui, Jon Roberts, aujourd'hui la soixantaine et retiré de ses affaires d'affranchi italiano-new-yorkais, était un very very bad boy, un beau salopard sans foi ni loi qui n'a jamais eu peur de se salir les mains et qui n'a pas beaucoup de regrets sur toutes les horreurs qu'il a pu accomplir durant sa "carrière". Le récit alterne entre le témoignage de Jon Roberts et certains de ses amis, et les interventions d'Evan Wright qui remet les souvenirs de Roberts en perspective (vérifiant leur véracité avec professionnalisme) et indique au lecteur son ressenti sur le personnage au fil de leurs rencontres. Le livre suinte de noirceur et de cette atmosphère sombre qui entoure les affaires de la mafia italienne aux Etats-Unis, mais on se délecte (avec un peu de culpabilité) de l'Histoire de la mafia qui apparaît en filigrane des années 50 aux années 90, et c'est en partie dû à la narration très fluide et très efficace utilisée dans le livre, qui se rapproche presque plus du roman que du témoignage. Un très bon ouvrage pour les amateurs du genre !
Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour, de S.G. Browne ( Ed. Mirobole)Le titre n'est pas très attirant, mais le roman était jouissif ! Oubliez les zombies terrifiants de Romero, oubliez les légumes de Walking Dead, dans l'univers de Browne il est finalement assez courant de se réveiller à la morgue ou dans son cercueil après son embaumement. Malheureusement, la banalité de la chose ne rend pas la vie des zombies plus facile. Bien qu'ils ne mangent pas de chair humaine, ils sont rejetés par le système qui a du mal avec le fait qu'ils sont cliniquement mort, qu'ils se putréfient et qu'ils ne respirent plus. On leur ôte donc leur accès à l'emploi, aux soins médicaux, mais surtout on les prive du droit de se promener parmi les vivant, car si un zombie est attrapé à errer seul dans la rue il risque... petit un : d'un bon jet de tomates ou pire, petit deux : de se retrouver à la fourrière ou comme cobaye dans un labo, petit trois de se faire démembrer par des Frats Boys bourrés voire immoler dans une poubelle. La vie n'est donc pas rose, mais notre héros, Andy, a décidé de lutter pour ses droits !C'est donc un roman de zombie humoristique, qui m'a beaucoup fait rire et que j'ai trouvé original dans une production où le zombie est roi mais ne varie pas souvent d'un iota. Je ne sais pas si les amateurs de zombies y trouveront leur compte, mais dans mon cas j'ai passé un excellent moment !
Guerre & Guerre de Laszlo Krasznahorkai (Ed. Cambourakis)Je ne suis pas sûre d'arriver à raconter correctement l'histoire de Guerre & Guerre (pour tout avouer je ne suis pas sûre d'avoir tout compris), ce roman empreint d'une folie difficilement mesurable. Dans une province de Hongrie, Korim, archiviste, découvre un manuscrit qui va bouleverser sa vie. Il n'en saisit pas le sens, mais les mots, les personnages, tout le décide à changer de vie, et surtout à trouver un moyen de le rendre immortel et accessible au nombre le plus grand. Pour ça, quoi de mieux que de se rendre dans le centre actuel du monde, New-York, la ville de tous les possibles. C'est sans compter la folie obsessionnelle qui anime Korim, homme étrange au discours incompréhensible, et les obstacles qu'il va devoir surmonter avant d'arriver à rendre ce manuscrit éternel en lui donnant sa propre vie. Guerre & guerre c'est l'écriture intense de Laszlo Krasznahorkai (à vos souhaits), son imaginaire décalé, son prophète insensé, son texte alambiqué et incompréhensible qui pour moi n'a pas besoin d'avoir un sens pour prouver sa beauté et sa puissance. Encore un roman de l'absurde qui m'a fasciné d'un bout à l'autre, dérivant sans logique entre l'onirisme et le réalisme sinistre, tout ça pour la beauté de la littérature ! Bref, un indispensable pour les gros lecteurs et autres érudits en quête d'une littérature originale et essentielle.
Je vais m'arrêter là, mais sachez que je me remets à lire, je viens de finir le nouveau Ron Rash, Une terre d'ombre, magnifique roman sur la superstition et les horreurs extrêmes causée par l'ignorance de l'homme, et j'ai entamé un Brandon Sanderson en SF, le nouveau et terrifique Joe Hill (génial fils du King) ainsi qu'un roman de moeurs russe aux éditions Heros limite.Je vous en dirait des nouvelles bientôt ;) En attendant, je m'en vais rechercher mes locaux et plancher sur le logo de la future librairie, celle où vous avez intérêt à venir nous dire bonjour quand elle sera ouverte !