[Critique] BYZANTIUM

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Byzantium

Note:
Origine : Angleterre/États-Unis/Irlande
Réalisateur : Neil Jordan
Distribution : Saoirse Ronan, Gemma Arterton, Caleb Landry Jones, Sam Riley, Thure Lindhardt, Warren Brown, Barry Cassin, Gabriela Marcinkova…
Genre : Fantastique/Drame/Horreur/Romance/Adaptation
Date de sortie : 2 janvier 2014 (DTV)

Le Pitch :
Seules depuis bien longtemps, Clara et Eleanor, deux jeunes femmes, arrivent dans une petite ville côtière. Se faisant passer pour des s?urs, Clara et Eleanor sont des vampires. Voilà plus de deux siècles qu’elles tentent de subsister. Clara subvient aux besoins du tandem en se prostituant, tandis que Clara vit particulièrement mal sa condition ainsi que la soif de sang qui ne cesse de la tarauder. Sa rencontre avec un jeune homme maladif qui ne demande qu’à percer son secret, ne va pas arranger les choses et mettra rapidement en péril l’anonymat de ces créatures de la nuit…

La Critique :
Bide monumental au box office mondial, Byzantium atterrit en toute logique directement dans les bacs DVD chez nous. Pourtant, le film est loin d’être mauvais…
Mais le temps ne profite pas toujours aux gloires du septième-art. Même quand on s’appelle Neil Jordan et qu’on revient tâter du vampire presque 20 ans après avoir signé un classique du genre. La jaquette du DVD est pourtant claire :  » Par le réalisateur d’Entretien avec un Vampire « . Mais non, rien n’y a fait et tout le monde, ou presque, s’est royalement désintéressé de Byzantium.
Il faut dire que depuis 1994 et Entretien avec un Vampire, Neil Jordan n’a pas particulièrement brillé. De films militants (Michael Collins, Le Garçon boucher…) à la série Les Borgias, en passant par son Ondine avec Colin Farrell et par À Vif, son vigilante movie avec Jodie Foster, Jordan n’a pas fait mouche à chaque fois. Du coup, aujourd’hui, il est relativement tombé dans l’oubli et voit sa dernière création reléguée aux rayons des supermarchés, juste à côté de la dernière purge en date de Steven Seagal…

Ceci dit, il convient de réhabiliter Byzantium. Un trip sombre à la beauté plastique époustouflante qui triomphe la plupart du temps des clichés pour se révéler au final comme une déclinaison féminine d’Entretien avec un Vampire. Les deux longs-métrages partageant une structure à base de flash-backs car basée sur le récit de l’un des personnages. Ok, pas de Brad Pitt ou de Tom Cruise à l’horizon, mais quand même ! Gemma Arterton est dans la place. Sexy comme c’est pas permis, la comédienne illumine le film de sa beauté spectrale et crépusculaire en se payant le luxe d’offrir à son personnage une composition habile, où la vulgarité n’a pas sa place.
On oublie les clichés. Les trucs un peu à la ramasse qu’on peut voir dans les dernières saisons de True Blood ou dans Twilight. Certes, le physique et le sexe sont aussi des armes dans Byzantium mais pas au sens où on l’entend forcement. Le film fait place nette à la poésie, avant d’envoyer du lourd niveau violence. Il met en scène une femme seule, accompagnée d’une mystérieuse post-ado. Une femme abonnée aux plans foireux, obligée de vendre son corps pour subsister et qui peut très bien -contrairement à la majorité des vampires- se regarder dans la glace, bouffer un cageot d’oignons ou encore se balader en front de mer par +35 degrés en pleine journée. Byzantium adopte les us et coutumes du conte. Un conte moderne, à travers le temps, où deux femmes tentent de survivre dans un monde gouverné par les hommes, comme en témoigne cette confrérie de vampires mâles, qui fait office d’autorité suprême chez les non-mourants.
D’un côté il y a donc cette superbe créature aux formes généreuses et d’un autre cette jeune fille sensible, opposée à sa propre condition. Incarnée par Saoirse Ronan, cette seconde héroïne offre au film la sensibilité à fleur de peau qui lui confère une grande partie de sa force. On lorgne carrément du côté de la bluette, mais sans pour autant s’échouer sur le récif de clichés squatté par Twilight. On y pense mais c’est surtout pour se dire que Byzantium a décidément tout compris. Il est tout ce que Twilight n’est pas. Dans sa capacité à parler d’amour contrarié entre un vampire et un humain et dans son volonté de suivre sa propre voie.

Mais malgré tout, Byzantium n’est pas ce que l’on peut appeler une claque. Visuellement, il est clair que le film met une grosse baffe à 90% des trips du genre, avec ses plans travaillés et lyriques (la cascade de sang en tête de liste) et sa mise en scène aussi soignée que lancinante. Dans l’écriture, c’est une autre histoire. Sans non plus être totalement chiant, le film peine à maintenir un rythme correct durant ses deux heures. Adapté par Moira Buffini, d’après sa propre pièce, Byzantium reste lent. Parfois trop lent. Il tourne un peu en rond avant de revenir sur les rails. Avec une bonne vingtaine de minutes en moins, le film de Jordan aurait gagné plus de nervosité et plus de passion. Surtout si on considère sa belle propension à jouer sur un côté gore assumé et esthétique. Là, on s’ennuie un peu. Juste un peu attention, car quand même, il convient de saluer le boulot effectué. Globalement, Byzantium mérite largement son paquet de louanges. Rien que parce qu’il se démarque et surtout car il réhabilite le vampire au cinéma. Le vrai, pas celui qui brille au soleil et qui conte fleurette à des ados rebelles…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Metropolitan FilmExport

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