Le baroque, dans sa démesure et son goût du faste, ne semble guère compatible avec le protestantisme, désormais bien implanté en Europe. Les Provinces-Unies des Pays-Bas qui connaissent pourtant une prospérité économique et un âge d'or artistique sans précédent en témoignent : le baroque architectural en est quasiment absent et sa peinture, si spécifique, n'est pas, à proprement parler, baroque.
Hôpital de Greenwich
La Grande-Bretagne connaît un interrègne politique, après le régicide de Charles Ier (1649), avec le protectorat d’Oliver Cromwell et avant la restauration anglaise (1660). Entre le décès d’Inigo Jones en 1652 et la fin de la formation de Christopher Wren en 1665, il n'y a pas d'architecte de premier plan sur le sol anglais.
C'est donc à à Wren que l'on doit l'introduction du baroque architectural dans le royaume rétabli. Il se démarque de son équivalent continental par la clarté de son dessin et sa tendance classicisante (en particulier, en se référant de façon constante au modèle palladien qui correspond mieux au puritanisme anglais). Comme en Allemagne avec la guerre de Trente Ans ou en Sicile avec le tremblement de terre, c'est à une catastrophe, le grand incendie de Londres, que l'on doit un renouveau dans la construction.
Cathédrale Saint-Paul à Londres
En quelques années, Wren supervise l'édification de cinquante-trois églises dont la cathédrale Saint-Paul de Londres qui soutient la comparaison avec les plus ambitieux projets du baroque religieux continental. Les palais et églises qui se construisent alors sont « classiques » dans leur décoration et « baroque » dans leur ampleur majestueuse et leurs proportions monumentales. La tentative de Thomas Archer avec son église St. John's de Smith Square (1728), d'introduire le baroque italien du Bernin dans l'architecture religieuse anglaise rencontre beaucoup moins de succès.
Bien que Wren soit également un architecte actif dans le domaine civil, c'est à William Talman qu’avec la Chatsworth House (1687), l’on doit la première country house véritablement baroque. L'apogée du baroque anglais vient avec Sir John Vanbrugh et Nicholas Hawksmoor.
Ils ont la plupart du temps collaboré ensemble sur des projets grandioses comme Castle Howard (1699) et le palais de Blenheim (1705) même si chacun est capable de s'affirmer individuellement de manière complète.
Palais de Blenheim
Quand bien même ces deux palais apparaîtraient pompeux et rigides pour un visiteur continental, leurs lourds pinacles et leur masse presque oppressante ont, un temps, fasciné le public anglais. Castle Howard est la conjonction flamboyante et animée des masses géométriques dominées par une tour cylindrique couronnée d'un dôme qui n'eut pas dépareillé à Munich ou Dresde. Blenheim, qui porte le nom d'une victoire austro-anglaise, est un cadeau de la couronne au duc de Marlborough en remerciement des services rendus. Le bâtiment est massif, le portique central imposant, le portail d'entrée pensé comme un arc de triomphe. John Vanbrugh réalise encore le Seaton Delaval Hall (1718), une demeure plus modeste et cependant unique dans son audace architectonique et son style baroco-palladien. Cependant, dès le second quart du XVIIIe siècle, le baroque tombe en désuétude en Grande-Bretagne qui invente alors le jardin anglais, écrin de résidences plus légères et moins guindées.
D'après Wikipédia