Si vous en doutez, laissez-vous porter par cette interview irrésistible ! Un immense merci à Romain pour avoir accepté de s’amuser avec moi
Ma chronique du roman.
Question rituelle pour démarrer mes entretiens, pouvez-vous vous définir en trois mots, juste trois ?
Rapide, Décidé, Joyeux.
En dehors de ces trois mots, qui êtes-vous, Romain Puértolas ?
Un humain de 37 ans (je vous laisse le soin de compter combien cela fait en rotations terrestres, je suis nul en maths), heureux de vivre.
Vous semblez être un globe trotter de la vie, un peu comme votre personnage…
Tout pareil. Oui, je voyage beaucoup. J’ai déménagé plus d’une quarantaine de fois dans ma vie. Voilà ce que c’est d’être fils de militaire.
L’avantage, je porte les gens que j’aime dans mon cœur, comme Léon et sa petite plante verte qui n’a pas de racines. Et puis je peux m’adapter à un nouveau pays en 2,45 secondes et en apprendre la langue dans la foulée. Je suis un Terrien et le monde m’appartient !!! (Enfin, après une visite en consulat pour retirer un ou deux visas…).
AHAH. Non. J’ai fait avec mes souvenirs. Vous savez, 40 déménagements, ça fait pas mal d’aller-retours chez Ikea, ça. Pour les noms, j’ai dû consulter la page internet d’Ikea afin de « faire mes courses » linguistiques.
Avez-vous également testé sur vous-même toutes les techniques de fakir énumérées dans le livre ?
Quand j’étais démystificateur de charlatans (dans une de mes vies antérieures), j’ai révélé les techniques (les trucs, plutôt) utilisés par les fakirs, donc, oui, je les connais. Tout le monde peut les tester sur soi-même, même ma grand-mère, car ce ne sont que des trucs.
Cet humour décalé et irrésistible, est-ce un don de naissance ? Ça se travaille ?
Je me savais peut-être décalé, mais pas irrésistible. Merci ! C’est ainsi que je vois la vie. Je ne peux pas m’empêcher de voir la vie au travers d’un prisme léger, optimiste et heureux. Un don qui me vient de mon grand-père maternel qui était heureux tout le temps, même quand il s’est fait faire prisonnier par les Allemands pendant la guerre, c’est dire ! Nous sommes heureux chroniques dans la famille de génération en génération.
Cette histoire parle également de sujets graves, sous couvert de l’humour, et particulièrement des émigrants clandestins…
Oui, parce que même si je suis heureux chronique, je ne suis quand même pas le con du village ! Il y a beaucoup de choses laides dans ce monde. J’aimerais passer un coup de peinture verte sur tout ça.
Les clandestins sont une partie de ma vie puisque cela fait 4 ans que je travaille avec eux, mais pas du même côté. Je voulais juste me mettre dans leur esprit, pour une fois, parce que si moi aussi j’étais né de l’autre côté de la Méditerranée, je peux vous garantir que je me serais caché dans un coffre de voiture pour passer de l’autre côté ! Nous sommes tous des humains, que l’on soit policier ou clandestin.
L’histoire de ce fakir est un peu un succès surprise dans cette rentrée littéraire. Vous attendiez-vous à une telle réception ?
Bien sûr que non. J’ai toujours été lu par trois personnes (ma femme, Adeline et Franck, des amis et collègues de travail). Chaque fois que j’écrivais un manuscrit, ils étaient les seuls à le lire. D’un autre côté, les maisons d’éditions me les refusaient.
Avec le fakir, le succès a commencé à l’étranger quand les droits ont été achetés par 30 pays avant la parution. Et une offre cinéma aussi et des offres pour le format poche. Ensuite, tout est allé très vite. C’était un livre sorti de nulle part écrit par un inconnu et les meilleures maisons d’édition au monde l’achetaient aux enchères pour de fortes sommes, tout ça avant même qu’il sorte en France, sans même savoir si cela allait fonctionner. C’est un geste qui me touche beaucoup. Je lévite et je suis sur mon petit nuage.
Les gens semblent friands de ce genre de romans actuellement, drôles et positifs. C’est grave docteur ?
Les gens ont envie de lire des livres qui les fassent voyager et sortir de leur quotidien, des choses faciles à lire, où ils rient et prennent du bon temps. Ils n’ont pas envie de lire des thèses de doctorat après 8 heures de boulot. Enfin, j’imagine. Je ne suis pas docteur. Tiens, cela manque à mon CV…
Cette histoire est-elle amenée à voyager, traduite en d’autres langues (y compris d’obscurs dialectes mexicains) ?
De l’hébreu au coréen en passant par l’islandais, mon fakir va être traduit dans plus de 30 langues. Pour un fan de langues pour moi, c’est un rêve. J’achetais déjà Tintin en hébreu (alors que je ne le lis pas ni ne connais pas cette langue) juste parce que je trouvais cela beau et exotique.
Ce blog est fait de mots et de sons. La musique prend-elle une part dans votre processus créatif ?
J’ai travaillé 10 ans dans la musique comme compositeur-interprète et DJ. La musique est aussi vitale chez moi que l’écriture.
Vous avez le choix entre nous donner le mot de la fin ou votre dessert préféré…
Alors ce sera un moelleux au chocolat et l’addition, s’il vous plaît !