Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité.
Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.
Mon avis
L’avenir du polar français passe t-il par un élargissement des ses frontières ? Après Caryl Férey ou Olivier Truc ("Le Dernier lapon"), voici venir Ian Manook et son étonnant roman se déroulant en Mongolie.
Si l’esprit voyageur de Manook le rapproche de ses condisciples cités plus haut, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il impose sa patte et sa griffe dès ce premier polar (il a publié des autres bouquins, dans d’autres styles, sous d’autres pseudonymes).
Car Yeruldelgger est une véritable et magistrale claque, de celles qu’on ne prend que rarement (et encore moins de la part d’une nouvelle voix).
Ce roman, d’une richesse rare, vous plongera au plus profond de la Mongolie d’aujourd’hui, un pays qui se modernise mais où les traditions sont ancrées, consciemment ou non, dans chacun de ses habitants. Un voyage totalement dépaysant, loin de beaucoup de nos certitudes occidentales.
Concernant le contexte, Manook fait très fort : non content de décrire finement le paysage et la société de ce lointain pays, il nous plonge au plus profond de l’âme de ses habitants.
Une richesse immense, mise intelligemment en perspective. L’exemple le plus frappant étant la méconnaissance de la population locale concernant la Shoah, mise en parallèle avec notre propre méconnaissance des massacres perpétrés par millions à travers les âges dans cette région du globe.
Sous ce titre étrange, se cache le nom du personnage principal, impressionnant, atypique et d’une étonnante densité. Un personnage meurtri par son passé et en quête identitaire. Mais se focaliser sur lui serait faire injure aux personnages "secondaires" de cette intrigue, tous plus profonds et étonnants les uns que les autres.
Le tout est mis en mots et en images avec maestria par l’auteur, grâce à son style très riche et expressif. Tantôt cynique ou poétique, tantôt drôle ou cinglant, ce roman est une claque tant dans la forme que dans le fond.
Quant à l’intrique, on en ressort secoué et marqué au fer rouge. On s’attache aux personnages et Manook nous les malmène rudement. On s’accroche à cette histoire digne des meilleurs polars, on se prend des uppercuts au foie lors de passages d’une rare violence, on s’extasie devant la richesse de cette intrigue sans aucun temps mort, passant de surprises en surprises à chaque chapitre sans qu’il ne soit jamais possible d’anticiper ce qui va nous tomber sur la tête.
Bref une expérience de lecture qui nous ouvre l’esprit, nous chahute au plus profond et nous tord les tripes. Tout ce qui, pour moi, fait un grand, un très grand roman noir.
Éblouissant et inattendu, noir et touchant, éprouvant et intelligent, original et dépaysant, avec ce roman Manook s’impose dès son arrivée dans le milieu du polar comme un Khan. Ne passez pas à côté de ce qui est, pour moi, l’un des tous meilleurs romans de l’année.
Sortie : octobre 2013
Originalité de l’intrigue : ♥♥♥♥♥
Profondeur de l’histoire : ♥♥♥♥♥
Qualité de l’écriture : ♥♥♥♥♥
Émotion : ♥♥♥♥♥
Note générale : ♥♥♥♥♥