Christiane Taubira, une voix forte et belle
La lutte contre les propos de Dieudonné deviendrait obsessionnelle si j’en juge par plusieurs commentaires de certain(e)s de mes amis Facebook. C’est évidemment leur droit le plus strict de le penser. Mais c’est mon droit de ne pas être d’accord avec eux. Afin de les convaincre de la justesse de mon analyse — que je ne suis pas le seul à défendre — je leur propose de lire ces extraits d’un texte écrit par Christiane Taubira, notre ministre de la Justice, dans le Huffington Post. Christiane Taubira n’est pas n’importe qui, elle est à l’origine de la loi française faisant de l’esclavage un crime contre l’humanité. Elle a elle même été victime d’attaques diffamatoires et injurieuses, récemment, de la part de militants de la droite extrême. Sa parole est juste et belle et elle porte haut. «Il est triste, infiniment triste, d'achever une année sur les pitreries obscènes d'un antisémite multirécidiviste», regrette la garde des Sceaux. «Faut-il frayer avec les monstres pour trouver quelque plaisir à se faire complice, après coup, de ce crime contre l'humanité ? Faut-il avoir rompu avec les hommes pour ne pas être saisi d'effroi à l'évocation de la machination démente qui a organisé le discrédit, la cabale, les rafles, le transport surencombré, la promiscuité, le tri à l'arrivée, l'entassement dans les camps, le rituel macabre de la procession jusqu'aux chambres à gaz ?», «Ces ignominies sont des délits. Elles sont matière pour la Justice. La Justice n'a pas failli. Les procureurs ont poursuivi, les juges ont jugé. Les condamnations sont multiples. Il appartient aux magistrats d'apprécier le degré de gravité qu'induit la multirécidive. Mais il revient aussi à la Justice de veiller à l'exécution de ses décisions». «Sanctionner avec efficacité est indispensable mais ne suffira pas. Pas lorsqu'un pitoyable bouffon spécule davantage sur les dividendes d'un scandale que sur les risques judiciaires» «Ces provocations putrides testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance. Il nous faut y répondre, car la démocratie ne peut se découvrir impuissante face à des périls qui la menacent intrinsèquement. Il faut donc descendre dans l'arène, disputer pied à pied, pouce par pouce l'espace de vie commune, faire reculer cette barbarie ricanante, la refouler, occuper le terrain par l'exigence et la convivialité». Pour être complet, j’ajoute que Dieudonné a indiqué, hier, qu’il cessait de jouer « Le Mur » le spectacle interdit par les plus hautes autorités politiques et judiciaires. Si telle est bien son intention, il n’y a aucune raison pour continuer d'interdire à Dieudonné de faire son métier. Quant à M. Woerth, ancien ministre sarkozyste qui « sent des arrières pensées » chez Manuel Valls, il ferait mieux de consacrer son temps à préparer sa défense dans les affaires Bettencourt et de la vente de l’hippodrome de Compiègne dans laquelle il est témoin assisté. Publié par à