J’ai tenté un chromo en jouant de la touche "créativité" de mon appareil-photo, et le résutat, plein de mélancolie me surprend, en m’inspirant les pensées suivantes.
J’habite une ville de banlieue dans laquelle je ne vis pas, je subis le mouvement pendulaire de bien des franciliens, avec le train du matin et le train du soir, une longue absence de cette ville que je ne vois que dans les crépuscules. Bien sur, le samedi je marche un peu dans le centre, rejoignant mes rades habituelles, mes cafés, mes commerces, comme je le faisais lorsque j’habitais Paris. J’habite dans une ville depuis plus de dix ans, sans m’y être fait d’autres relations que de vue, ou presque. J’entends parler des choses, j’entends les gens, mais je me sens distant comme Bruce Willis dans le 6ème sens, dont je ne dévoile pas le sens pour ne pas spoiler son futur visionnage par mes lecteurs.
Bien sur je ne suis pas seul, mais au contraire de Paris où je bénéficiais d’une unité de temps et de lieu, habitant et vivant la même ville, avec mes relations, dans un tout cohérent, j’ai le sentiment de mener deux vies incohérentes, entre le travail dans la capitale, et le week-end ici. Je ne vis pas ici, mais sur internet, où je peux découvrir des tas de textes, de vies, communiquer bien mieux que je ne peux le faire ici, comme si je ne pouvais trouver de sujet de conversation. J’ai l’impression de vivre ce que le sociologue Richard Sennett décrit, une vie de mobilité où l’on finit sans relations ni racines nulle part, car seul enracinement permet de ne pas se retrouver seul lorsque l’on aborde les dernières décennies d’une vie. Les autres semblent de plus en plus des étrangers, et seules subsistent des relations entamées beaucoup plus tôt dans la vie, parce que l’on a partagé les découvertes, et que l’on se comprend bien plus vite.
C’est cette vitesses de partage, de compréhension sans mots qui finit par manquer, que l’on ne peut plus trouver.
Je parcours les infos sur la ville, les sites, trolle gentiment le site d’opposition à l’équipe municipale, Argenteuil politique. , mais je me sens bien incapable de participer à une aventure politique dans une équipe, mon sentiment étant d’être trop détaché des choses, mais j’éprouve quand même un intérêt à suivre ces débats.
Il est peu de blogs sur Argenteuil, la plupart correspondent à une volonté de présenter un message politique.
J’ai découvert, sur un site dont les concepteurs sont inconnus et anonymes, des articles de Zouber Sotbar, qui me semblent mériter que l’on s’y arrête et les lise. Je ne suis pas sa position sur l’importance donnée à la commémoration de l’esclavage, car il me semble que ces évènements ont toujours été enseignés à l’école, et qu’ils ne sont pas centraux dans la mémoire du pays, sauf aux Antilles.
Il présente une critique radicale du maire actuel, qui comme celle des gens de l’intérieur va plus loin et plus en précision que celle-là même de l’opposition. Je ne le suis pas complétement, même si ce qu’il dit sur l’autocratisme est vrai, je considère qu’il y a quand même un bilan positif, notamment pour les gens modestes. Il se présente au titre de la nouvelle donne de Pierre Larrouturou aux prochaines élections. Il présente une vision intéressante du "métissage", sujet à trop de pathos, et bien peu de concept.
Zouber Sotbar est donc une voix intéressante, que j’ai connue paradoxalement grâce au blog de Frédéric Lefebvre-Naré, et je m’étonne qu’il n’ait pas ouvert un blog, comme Frédéric, pour faire partager ses idées et son action. Il a réussi à rester dans l’équipe municipale, tout en s’en démarquant fortement, en refusant de voter le budget, ce qui, logiquement, aurait dû lui valoir l’exclusion. Je ne sais si la seule ambition le motive, ou si cette voix confirmera son intérêt par la suite, mais il est à suivre.