En annonçant “l’assouplissement” prochain du monopole bancaire, Fleur Pellerin a créé un coup de tonnerre dans le paysage du financement des PME. Dès avril, le financement participatif ne sera plus réservé aux entreprises en création ou aux entreprises de croissance. Il faut s'emparer de cette possibilité ! Combien d’entre nous ont vu le petit commerce à côté de chez eux fermer en 2013 ? Combien ont été touchés par le dépôt de bilan de la seule entreprise industrielle de leur village ? La Coface a recensé cette année plus de 60.000 défaillances d’entreprises françaises et près de 200.000 emplois ont été touchés par ces fermetures.
Bien souvent, le banquier de ces entreprises n’a pas joué son rôle : il n’a pas accordé le prêt qui aurait pu sortir de l’ornière cet artisan, ce commerçant, cette PME. Selon le baromètre KPMG-CGPME de septembre 2013, plus de 76% des PME se plaignent d’un durcissement sévère des conditions d’obtention d’un crédit. S’ajoutent à cette frilosité bancaire, des frais toujours plus élevés, trop de garanties demandées, sans compter un processus lent et peu transparent.
Mais alors que faire ? Bien sur, les banques pourraient (peut-être) devenir plus efficaces ou bien l’Etat pourrait intervenir de manière mieux ciblée (à la hauteur de ses moyens financiers devenus limités). Mais nous aussi, nous pouvons faire quelque chose pour que cela change ! Nous avons, individuellement et collectivement, le moyen de faire en sorte que notre cadre de vie économique ne s’effondre pas autour de nous. Le patrimoine total des français, selon l’INSEE, c’est 10.544 milliards d’euros en 2012, en hausse de 1.6%. Avec seulement une petite partie de cette épargne, nous pourrions redynamiser la France en mobilisant nos territoires et nos PME. A chaque milliard d’euros investi dans nos PME françaises, c’est un gain potentiel de 0,3% de croissance par an à la clé (d’après l’étude “Territoires et Innovation” de M. Desforges, F. Gilli et V. Cordoba que vient de publier La Documentation Française).
Pour favoriser le développement économique des régions, participer au renouveau industriel de la France, faire émerger les champions de demain, il faut avant tout compter sur nos entreprises petites et moyennes. 99,9% des entreprises françaises sont des TPE et PME. Elles représentent 52% de l'emploi salarié. Pour trouver des solutions innovantes plus vite que nos concurrents étrangers, les PME et les territoires sont une source encore plus efficace de renouvellement et d’innovation que les grandes entreprises françaises mondialisées ou les rares start-up dynamiques que compte notre pays. Le vrai problème de notre économie française, aux centres de décisions encore trop centralisés et parisiens, c’est que jamais nous n’avons vraiment mobilisé nos territoires pour soutenir efficacement nos PME. Un mal bien français. Mais alors comment mobiliser un partie de notre épargne dans chaque territoire, cet argent aujourd’hui très mal employé par les banquiers ? La crise qui sévit depuis 2008 nous l’a bien montré, notre épargne est souvent mobilisée par les banques pour servir des opérations de financementinternationales, et même parfois à spéculer pour leur compte propre...
Pourtant, grâce à la puissance de mobilisation d’Internet, on peut amorcer très rapidement une boucle vertueuse du financement des PME. Il s’agit de donner aux entrepreneurs la capacité à accéder à un financement adapté. Or, un outil nouveau s’offre depuis peu aux entreprises et aux épargnant français : le financement participatif. Le mouvement croissant du financement participatif (“crowdfunding”, littéralement : le financement par la foule) aura rassemblé en 2013 près de 500.000 Français ayant contribué à financer plus de 25.000 projets. Si les sommes collectées ont été encore modestes (80 millions d’euros en 2013), c’est un doublement par rapport à l’année précédente. Les TPE et PME traditionnelles étaient jusque là plutôt éloignées du crowdfunding, car leur mode de financement le plus utilisé, l’emprunt, y était mal représenté. Cet état de fait va totalement changer en 2014. Un formidable coup d’accélérateur va être donné cette année au financement participatif, grâce à un nouveau mode de mobilisation de l’épargne des Français. Une loi très favorable (la “Loi Pellerin”) va venir très prochainement libérer les énergies du financement participatif. Dès avril 2014, il sera possible de prêter directement à nos PME sans plus passer obligatoirement par le système bancaire.
Et c’est maintenant à nous, Français, de nous emparer de cette possibilité qui nous est offerte de financer directement nos PME. En 2014, désormais en toute légalité, chaque Français pourra pour la première fois prêter de l'argent pour financer le développement des entreprises de son territoire. Tout le monde peut y gagner : pour les PME c’est la possibilité d’accéder à une source de financement par l’emprunt que lui refuse souvent le banquier sans raison justifiée. Et pour les Français, c’est une nouvelle façon de placer son épargne, de toucher des intérêts sur ses placements auprès des entreprises. Et tout cela marche déjà dans d’autres pays parce que les prêteurs savent à quoi sert leur argent et que les circuits courts redistribuent aux épargnants les économies sur les coûts !
La société civile a toujours été dynamique dans les périodes de crise. Aujourd’hui, tout le monde a conscience qu’il se passe quelque chose. Assurer l’avenir de nos territoires nous concerne tous. Alors, nous nous devons d’agir. Ensemble. Chacun peut le faire. Le prochain cycle de croissance naîtra dans les territoires et tous les territoires peuvent y prétendre. Encourageons-les, encourageons-nous nous-mêmes en utilisant le formidable levier du financement participatif par le prêt aux entreprises !