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Agatha Christie La Romance du crime - François Rivière
Publié le 12 janvier 2014 par Manu17Il y a trente-huit ans, jour pour jour, disparaissait Agatha Christie, « la reine du crime » comme on l’a surnomme souvent.
Dans Agatha Christie La Romance du crime, François Rivière nous apprend qu’à ce titre, elle préférait celui de « duchesse de la mort ».Deux titres qui pourrait sembler macabres mais qui, attribués à cette grande dame de la littérature policière, n’ont rien de véritablement effrayant. Sans doute parce qu’en dépit des multitudes de meurtres qu’elle a imaginé et mis en scènes dans ses nombreux romans, nouvelles ou encore pièces de théâtre, elle bénéficie d’une image de douce mamie plutôt rassurante. La raison sans doute à sa grande timidité, une existence relativement calme de jeune fille issue de la bonne société anglaise puis de discrète romancière à succès.
Calme ne signifie pas morne pour autant. J’ai découvert, une jeune enfant solitaire ayant quasiment appris à lire seule et n’aimant rien tant que dévorer les livres, comme Bleak House de Dickens ou Le petit Lord Fauntleroy dans bibliothèque familiale. Jeune fille écrivant des poèmes, elle se rend à Paris où commence la « chasse au mari » selon l’auteur. Les voyages seront une constante tout au long de son existence, plutôt en train et plus tard en avion qu’en bateau d’ailleurs, en raison d’un effroyable mal de mer. Durand sa participation à l’effort de guerre, elle satisfera son intérêt pour les poisons, leurs compositions, leurs effets et obtiendra même un diplôme de préparatrice en pharmacie. J’ai aussi découvert avec un certain amusement une Agatha Christie adepte du surf durant les premières années de son mariage avec son premier époux Archibald Christie.
Poussée par un pari avec sa sœur, elle s’attaque à « la rédaction d’un roman de mystère » influencée par des auteurs comme Edgar Allan Poe, Gaston Leroux ou Arthur Conan Doyle pour les plus connus. La genèse de toute son œuvre est en marche.
Réfugiée dans une chambre du Moorland hotel « situé au cœur de la venteuse et désolée lande de Dartmoor, utilisée comme décor par Arthur Conan Doyle dans Le Chien des Baskerville », il lui faudra douze jours, oui, vous avez bien lu, pour donner vie à La Mystérieuse affaire de Styles.
L’auteur revient évidemment sur l’épisode de sa mystérieuse disparition peu avant la fin de son premier mariage et suite à la disparition de sa mère. Disparition délibérée, coup publicitaire magistralement orchestré, réelle amnésie ? Mystère… Lisez ce livre et vous saurez !
Par sa seconde union, avec Max Mallowan, un archéologue, son goût des voyages sera à nouveau satisfait, Egypte, Syrie, Irak, périple à bord de l’Orient Express. Autant d’expériences qui viendront enrichir son œuvre, elle prend moult notes et écrit parfois sur les lieux même des fouilles sur lesquelles elle accompagne son mari. Elle est d’ailleurs chargée de réaliser des photos des découvertes archéologiques. Le Crime de l’Orient-Express, Meurtre en Mésopotamie et Mort sur le Nil lui seront inspirés à cette période.
Tout m’a emballé dans cette biographie richement illustrée même si elle n’est pas exhaustive. J’ai beaucoup aimé en apprendre davantage sur le couple Beresford, Tommy et Tuppence, que je connaissais moins bien que Poirot ou Miss Marple. N’ayant encore jamais lu leurs aventures, je ne les connais que via les films de Pascal Thomas et leur interprétation par la pétillante Catherine Frot et le sémillant André Dussolier. Tout ça m’a donné envie de remédier à cette lacune.
Les multiples documents, illustrations, archives, articles de presse, photos privées ou photos issues des adaptations cinématographiques de ses romans, nouvelles ou pièces apportent un véritable plus à ce livre. J’ai particulièrement goûté les très nombreuses reproductions des couvertures de ses livres. Outre les quelques versions françaises du Masque, j’ai découvert les versions originales, telles celles de chez Penguin, et des versions étrangères des plus variées, de même, que quelques publications sous le pseudonyme de la romantique Mary Westmacott.
Le boulimique de livres que je suis serait, du coup, bien tenté de commencer une nouvelle collection de certaines vieilles éditions publiées par Le Masque…
Mon immersion dans l’univers d’Agatha Christie a été totale comme mon plaisir. Il faut dire qu’en narrateur hors pair qui connait bigrement bien son sujet, François Rivière, nous raconte tout ceci avec simplicité, naturel et un ton qui sied parfaitement à l’époque, au style et à l’ambiance des histoires de « la duchesse de la mort ».