Alors…on en était où? Juste avant l’accouchement, et bien revenons un peu en arrière. En effet, on peut choisir la voie du privé. Pour cela, il faut demander une autorisation à son GP. Il le prendra très mal:
-Comment, vous ne faites pas confiance au NHS, on n’est pas assez bien pour vous? Vous savez qu’il y a des tas de problèmes dans le privé aussi.
Rien que le "aussi" m’incite effectivement à préférer le privé. Et je n’ai rien contre le NHS, mais quitte à payer une assurance, autant s’en servir. Surtout que je suis naturellement très douillette, et très stressée. Rajoutez-y un bon paquet d’hormones, et je deviens hystérique. L’Ado avait trois semaines de retard (on aurait dû se méfier), j’étais persuadée que j’allais passer le reste de ma vie enceinte, sans jamais accoucher…et je ne m’arrange pas en vieillissant. Pour bébé 5, j’ai été prise d’une crise de panique en pleine césarienne, agrippant Marichéri par son déguisement de docteur, en reversant la moitié des équipements de l’anesthésiste : et si c’était une erreur, et si il n’y a pas de bébé? C’est la faute de l’anesthésiste aussi, à laisser traîner ses instruments n’importe où. Surtout que je ne pouvais bouger que les bras, il suffisait de faire rouler sa tablette un peu plus loin, quel empoté!
Au moins, dans le privé, on a toujours à faire aux même personnes, ils me connaissent, et ils eu le temps de s’habituer à mes crises de nerfs. Et on ne lésine pas avec le suivi: vous aurez une échographie (payante, faut pas rigoler non plus) à chaque rendez vous, toutes les 4 semaines. Vous n’êtes pas suivie par diverses sages femmes mais par votre obstétricien, toujours le même, et vous pouvez même le choisir. C’est aussi lui qui se chargera de l’accouchement (en principe…hahah). Vous et votre chéquier sont accueillis à bras ouverts à chaque rendez vous. On vous installe dans un bon fauteuil confortable ("vous payez comment aujourd’hui?"). On vous donne une tasse de thé et des petits gâteaux pour combler l’attente de trois minutes avant que l’obstétricien vous reçoive. Si vous avez des enfants, ils ont droit aussi à un petit goûter, ils ont un espace de jeux adaptés. L’obstétricien vous saute pratiquement au cou, tellement il est ravi de vous voir, vous et votre carte de crédit. A chaque fois, on fait des analyses complètes. Cela dit, mon obstétricien est un médecin remarquable et je lui voue une reconnaissance éternelle. En plus, il a un sens de l’humour décapant. Il existe des cliniques privées complètement équipées, surtout sur Londres. Dans ma petite ville, la clinique n’a pas de salle de travail, mon obstericien fait donc les accouchements à l’hôpital public avec son équipe. Mais ça n’empêche pas le NHS de lui coller un étudiant dans les pattes ( ils m’ont vu venir…). Pour bébé 5, l’obstétricien m’a demandé de ne rien dire, vous allez voir, on va bien rire. Ce cher docteur est très petit, plus que moi, et tres rond, plus que moi enceinte de 8 mois. L’étudiant était un grand maigre. J’avais déjà envie de rire. L’étudiant m’a donc examiné, et répondu aux questions du docteur: vous conseillez quoi comme plan de naissance? Il s’est lancé dans l’apologie des accouchement naturels….je ne disais toujours rien. L’obstétricien s’est dressé devant l’étudiant qui s’écroulait peu à peu (ils ont fini à la même taille) en hurlant. Il a porté l’estocade finale et expliqué à ce malheureux gamin que j’avais déjà 4 enfants, si il continuait avec ses histoires d’accouchement naturel ce serait à lui de leur annoncer qu’ils étaient orphelins, par sa faute…ahaha. Je pense que l’étudiant a dû opter depuis pour une reconversion, fleuriste ou potier peut être.
Et oui, depuis numéro 3, c’est obligatoirement une césarienne. Dans le privé, c’est presque un bonheur. Mon cher obstétricien continuait à blaguer jusque dans la salle, pour numéro 4. Figurez vous que Marichéri n’arrivait pas, parce qu’ on ne trouvait pas de déguisement de docteur à sa taille. Qu’est ce qu’on s’amuse! Je vous passe les détails sanguignolants, mais 24 heures après, je gambadais joyeusement tout autour de la chambre privée, mon bébé dans les bras. Même pas mal! Alors cette fois, je ne m’angoissais pas particulièrement, enfin pas plus que d’habitude, je m’attendais donc simplement à me vider de mon sang sur la table d’opération, à finir amputée ou paralysée. La routine quoi. Quand une semaine avant la date prévue, mon obstericien a fait un malaise cardiaque (il va très bien maintenant)….ah. Je me suis retrouvée dans le NHS, et là, on ne rigole plus. Ou plutôt si, mais on rit jaune. La veille de la date prévue pour la césarienne, vous devrez passer la journée à l’hôpital, bien qu’on vous ait juré qu’il y en avait pour une petite heure de rien du tout. Vous allez pouvoir découvrir tous ces merveilleux dépliants qu’on remet aux femmes enceintes habituellement: sur l’allaitement bien sur, les biberons étant une invention démoniaque que seule une criminelle endurcie envisagerait de donner à son bébé. La brochure vantant les accouchements alternatifs: en piscine (je n’ai rien contre, mais d’habitude dans une piscine, je nage la brasse coulée, avec la grâce d’une enclume…je ne ponds pas), ou sous hypnose….euh, alors là venant pour une césarienne, ça angoisse un peu! Et bien sur, la liste complète de toutes les complications possibles et imaginables d’une césarienne, justement. C’est là que je me suis rendue compte que finalement, je n’ai aucune imagination. Pendant cette merveilleuse journée, pour tromper votre attente, vous verrez aussi une multitude de sages femmes, donnerez des hectolitres de sang pour diverses analyses, rencontrerez un obstétricien, mais pas celui qui fera l’opération et un anesthésiste, qui va s’empresser de vous refaire la liste des complications…et voilà, revenez demain.
Je ne veux pas faire ma maligne et faire jouer le suspens, mais ça devient long. Merci à celles qui m’ont dit qu’elles liraient même un billet interminable, mais là, je m’y perds moi même. Je vais devoir faire un épisode trois, et je vous rassure, je ne vous raconterez pas les détails de mon accouchement.