1) Comment en êtes-vous venu à l’écriture ?
J’ai toujours beaucoup lu, mais j’ai longtemps cru que j’en étais incapable. Et puis la lecture d’un roman de Thierry Jonquet, Moloch, s’est révélé être le déclic. Son approche de l’écriture m’a donné confiance.
2) Vous prenez le parti du réalisme plutôt que celui de la psychologie. Comment ce choix s’est-il imposé à vous ?
Le réalisme est effectivement ma marque de fabrique. Au travers de mon quotidien de flic, je dirais qu’il s’est naturellement imposé à moi. Durant l’écriture de Sang d’encre au 36, il y a deux choses qui me tenaient à cœur : décrire la vie d’un groupe d’enquêteurs de la Crim’ dans l’adversité, et les rendre humain, tel qu’ils sont au quotidien. En fait, mes acteurs, mes personnages, n’ont pas le premier rôle. C’est l’enquête qui détient le premier rôle. « Mes » policiers se mettent au service de l’enquête et non l’inverse. Ce qui donne, je pense, un aspect documentaire à cette histoire.
Avec mon dernier roman — Le sang de trahison — j’ai radicalement changé d’angle d’attaque en recentrant l’histoire sur deux policiers en délicatesse avec leur environnement qui portent à bout de bras une affaire à la fois singulière et complexe. En bref, je me suis rapproché de la fiction, en créant des personnages avec des faiblesses, qui vivent une histoire dans l’histoire.
3) Quels sont vos auteurs de polars de référence ?
J’ai presque tout lu de Ann Holt, Ed Mc Bain, Michael Connelly et Richard Montanari. L’aspect procédural de leurs intrigues m’enchante. Les deux derniers cités, en particulier, ont cette faculté de décrire avec une justesse rare une enquête de police et les sentiments des enquêteurs. C’est d’autant plus fort qu’ils n’ont jamais été flics.
J’aime beaucoup le roman policier historique où celui qui noue ses intrigues dans l’histoire. Steve Berry, par exemple ; ou Back Up de Paul Colize qui nous guide dans l’Europe des années 70.
Pour être complet, j’ai également tout lu de deux auteurs français, Thierry Jonquet et Pierre Lemaitre.
4) Quelle est l’histoire de la rédaction de Sang d’encre au 36 : est-ce votre premier roman ? Combien de temps s’est écoulé entre son idée et sa version finale ?
Il s’agit effectivement de mon premier roman publié, mais j’avais écrit deux manuscrits auparavant. Grosso modo, j’ai mis un an et demi à le construire et à le rédiger.
5) Pourquoi avoir placé dans votre intrigue ces références à Simenon ?
Simenon est au cœur de l’intrigue tout comme il est au cœur de la mystification du 36 quai des Orfèvres, lieu où je travaille et où se déroule la fiction. En fait, en m’intéressant de plus près à Simenon, je me suis aperçu que j’avais plusieurs points communs avec lui : nous avons tous deux vécu à Fontenay le Comte et La Rochelle, dans l’ouest de la France. Et puis il a gravi à de multiples reprises les marches du « 36 », parcours que j’effectue quotidiennement.
6) Est-il plus difficile d’écrire un premier ou un deuxième roman ?
A force d’écrire, on gagne nécessairement en expérience et en confiance. J’ai mis moins de temps pour écrire mon second roman, Psychose au 36. Peut-être aussi parce qu’il s’agit de mon roman le plus « intime », qui évoque mon passage à la brigade de protection des mineurs de Paris. Peut-être aussi parce que la structure du roman n’est pas la même.