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Ce livre de Jérôme Ferrari me tentait énormément depuis sa sortie. Un peu moins depuis qu'il avait gagné le prix Goncourt (que voulez-vous, je me méfie des prix). Et puis, j'ai eu la joie de le découvrir sous le sapin. Sitôt reçu, sitôt lu.
Le scénario n'est pas complètement fou. Deux histoires courent en parallèle. Celle de Marcel Antonetti, un homme né après la première guerre mondial, qui a fait carrière dans l'armée, loin de la France. Et celle de Matthieu Antonetti et Libero Pintus, deux jeunes gens qui étudient la philosophie. Lorsqu'ils apprennent que le bar du village corse dans lequel l'un a grandi et l'autre a passé toutes ses vacances va fermer, ils décident de le reprendre conjointement. C'est le début d'une courte aventure où les deux jeunes gens s'imaginent libres de façonner leur monde comme ils l'entendent.
Les chapitres, rythmés par des citations de Saint-Augustin, lient cette modeste histoire contemporaine à la chute de l'empire romain. Et les dernières pages viennent expliciter cette chute. Qu'il s'agisse de Matthieu ou de Marcel, la destinée veille, jamais bienveillante.
Le drame que nous compte Ferrari est porté par une plume puissante et ironique, que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a donné envie de lire d'autres titres de l'auteur. Malgré ce pessimisme, malgré cette chute annoncée, malgré des ambitions anéanties, j'ai trouvé que le personnage d'Aurélie, réaliste et dynamique, éclairait d'un halo d'espoir ce monde très noir.