Avalon

genre: science fiction, anticipation, inclassable
année: 2001
durée: 1h45

l'histoire: Dans une ville fictive d'Europe centrale, Ash est une accro de jeux vidéo et de réalité virtuelle. Elle était membre du groupe Wizard, constitué de véritables aficionados d'un jeu de guerre illégal nommé "Avalon", en référence à l'île légendaire où reposent les âmes des héros. Mais depuis que la bande s'est dissoute, Ash joue seule. Un jour, elle apprend que son ancien amant, Murphy, est devenu un zombie, un "non-revenu". Ce dernier était pourtant un joueur talentueux. Son sort intrigue Ash. Celle-ci décide alors de refaire le chemin qu'il a pris en jouant dans une zone interdite baptisée "Class A".    

La critique d'Alice In Oliver:

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Avalon, réalisé par Mamoru Oshii en 2001, est un film étrange, qui se situe quelque part entre 1984 de Michael Radford et Stalker d'Andreï Tarkovski. Clairement, ces deux films ont grandement influencé l'univers d'Avalon.
Le long-métrage de Mamoru Oshii nous plonge dans une ambiance sombre, post-apocalyptique, brumeuse et qui n'est pas sans évoquer la catastrophe de Tchernobyl. Tout comme 1984 et Stalker, Avalon cherche à brouiller les pistes.

A aucun moment, le spectateur ne sait où l'action se déroule, dans quel pays, dans quelle ville ou alors dans un lieu déterminé et précis. Toujours est-il qu'Avalon nous transporte dans une cité grise et industrielle, minée par la pauvreté et totalement déshumanisée.
Vous l'avez donc compris: Avalon est une oeuvre ambitieuse et difficile d'accès. Le film joue également sur l'étroite frontière qui existe entre le virtuel, via l'utilisation d'un jeu vidéo révolutionnaire (donc, le même Avalon), et le réel.

En ce sens, Avalon n'est pas sans rappeler non plus l'univers de Matrix, à la seule différence que le film ne s'adresse pas à un large public et n'a aucune ambition commerciale. Mamoru Oshii varie également les sonorités musicales de son long-métrage via l'utilisation d'une musique électronique, teintée parfois par quelques parties d'opéra. De ce fait, difficile de décrire le scénario.
En vérité, la beauté d'Avalon ne repose pas spécialement sur son scénario, mais plutôt sur l'univers froid et limite chirurgical qu'il décrit.

Attention, SPOILERS ! Dans un avenir proche, le jeu de guerre illégal Avalon est un jeu vidéo sur lequel les joueurs branchent directement leur cerveau, et qui provoque des comportements addictifs. Certains joueurs sont tellement plongés dans le jeu que leur esprit y reste bloqué, leur corps demeure inerte, dans un état végétatif dont ils ne sortent plus : ce sont les non-revenus.
Le nom Avalon provient de l'île des légendes celtes où vont les âmes des guerriers, dont celle du roi Arthur. Comme dans tout jeu de tir subjectif, les personnages du jeu commencent avec des possibilités réduites et armés uniquement d'un pistolet et d'un chargeur, dans la classe C.

Au fur et à mesure qu'ils remplissent des missions, ils accumulent des points qui leur permettent soit d'améliorer les capacités de leur personnage, soit d'acquérir du nouveau matériel, mais qui peuvent aussi être convertis en argent que touche le joueur dans le monde réel.
En progressant, ils accèdent à des missions de plus en plus difficiles, avec plus de contraintes. Les programmeurs du jeu sont connus sous le pseudonyme des Neuf sœurs. Les personnages les plus puissants sont les Bishops, seuls les joueurs les plus expérimentés arrivent à mener leur personnage à ce niveau.

L'héroïne, Ash, ne vit que pour le jeu, et par le jeu : elle a atteint un niveau suffisant (classe A) pour lui permettre de gagner sa vie en jouant. Elle faisait partie d'une équipe réputée, les Wizards, qui fut dissoute pour une raison mystérieuse.
Elle rencontre un de ses anciens partenaires, Stunner, qui lui apprend que Murphy, le chef de l'équipe, est un non-revenu. Il aurait essayé d'accéder à un niveau caché, la classe Spécial A (SA), ou encore appelée classe Réelle, une image du monde réel courant, qui permettrait d'accumuler un nombre de points d'expérience faramineux. Ash décide de tenter d'accéder elle aussi à cette classe SA et se met à la recherche, dans le jeu, du point d'accès : une petite fille qui apparaît furtivement et surnommée Ghost.

Mamoru Oshii s'est notamment fait connaître en réalisant Ghost In The Shell. Il n'est donc pas étonnant de le retrouver derrière ce nouveu film d'anticipation. Indéniablement, Avalon est un film à part et ésotérique qui n'a pas à rougir de la comparaison avec Stalker (que j'ai déjà cité).
Encore une fois, Avalon mélange plusieurs genres mais aussi plusieurs cultures, puisque le film oscille entre mythes japonais et mythes polonais. En résumé, Avalon ne plaira pas à tout le monde et s'adresse avant tout aux initiés.

Par exemple, vous avez détesté Stalker ? Alors fuyez Avalon ! En revanche, vous aimez ce genre d'univers froid, atypique et expérimental ? Alors précipitez-vous sur Avalon ! Encore une fois, le film de Mamoru Oshii aborde des thématiques complexes et va beaucoup plus loin que la trilogie Matrix. Ici, il n'est pas vraiment question de réalité virtuelle, mais plutôt de divers univers parallèles révélant différents niveaux de conscience existant dans le cerveau humain.
Avalon a donc une vraie dimension religieuse, mystique, philosophique et spirituelle. Enfin, si quelqu'un a compris quelque chose à cette chronique, qu'il me téléphone d'urgence !

Note: ?

Voyage to Avalon orchestra ver. par Canislupus10