Intéressante étude de l’Université of Washington (UW) qui conclut qu’encourager le babillage du bébé, quitte à exagérer certaines voyelles ou à percher la voix, lui permet un apprentissage plus rapide du langage. Autre conclusion, prendre le temps de parler à son bébé en tête-à-tête est également lié à un meilleur développement du langage. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas le nombre de mots entendus par l’enfant qui lui permet de développer plus rapidement son vocabulaire, contrairement à l’idée reçue. C’est plus le style de discours et le contexte social dans lequel se produit la parole qui jouent sur cet apprentissage.
Les chercheurs de l’Université de Washington et du Connecticut ont écouté des milliers d’extraits d’échanges verbaux de 30 s entre parents et bébés, évalué l’utilisation par les parents d’une voix normale par rapport à un style et un ton exagérés, voire même le recours au langage « bébé », et le contexte des échanges, en tête-à -tête entre le parent et l’enfant ou en groupe. Ils font le bilan aux 2 ans de l’enfant.
La prévalence des entretiens en tête-à-tête avec bébé apparaît comme le facteur essentiel de meilleur développement du langage chez l’enfant, à la fois au moment présent et plus tard dans la vie. Patricia Kuhl, directeur de l’Institut de UW pour l’apprentissage et les sciences du cerveau, co-auteur de l’étude confirme que les parents doivent prendre le temps de « discuter » avec l’enfant individuellement, sans l’autre parent, d’autres adultes ou d’autres enfants autour.
Le langage « bébé » n’est pas mauvais pour le développement du langage. En fait, plus les parents exagèrent les voyelles ou la hauteur de leur voix, plus les enfants âgés d’1 an se mettent à babiller, ce que les chercheurs considèrent comme un précurseur de la production de texte. Ils expliquent ce bénéfice par le fait qu’avec l’adoption de ce babillage, l’enfant lui-même devient acteur dans le développement de son langage. En ayant lui-même recours à ce babillage, le parent reconnaît l’importance de l’échange qu’il a avec son enfant.
L’expérience a reposé sur l’enregistrement via des gilets portés par 26 bébés âgés d’1 an de l’ensemble de l’environnement auditif des enfants, 8 heures par jour, durant 4 jours. Les chercheurs ont utilisé un logiciel d’analyse de l’environnement de la langue et examiné ainsi 4.075 séquences de 30 secondes de paroles et d’échanges. Pour chaque séquence, les chercheurs ont identifié qui parlait, combien de personnes étaient présentes, le type de langage utilisé par les parents, le ton de la voix etc…Quand les enfants ont atteint leurs 2 ans, les parents ont rempli un questionnaire évaluant la richesse du vocabulaire de l’enfant.
L’analyse montre, qu’à 2 ans, les enfants ayant eu des entretiens fréquents en tête-à-tête avec leurs parents, et sur le mode d’un langage « enfant », vont utiliser en moyenne 433 mots vs 169 mots pour les enfants de 2 ans pour lesquels ces conditions n’étaient pas remplies.
C’est la qualité et non la quantité qui compte : Des études antérieures ont mis l’accent sur la quantité de mots entendus sans tenir compte du contexte social, cette nouvelle étude montre que c’est la qualité et non la quantité qui importe! Il est plus important de travailler sur l’interaction et l’engagement autour du langage. Enfin, les parents ont bien « le droit » d’utiliser aussi le langage de bébé, en mettant l’accent sur les mots importants.
Source: Developmental Science January 2014 (à paraître) via Eurekalert (AAAS) Babbling babies — responding to one-on-one ‘baby talk’ — master more words (Visuel © Gabriel Blaj – Fotolia.com)
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