Il arrive parfois qu'à la mort d'un auteur, sa notoriété s'accroisse et que les ventes de ses livres s'envolent. Dans ces cas-là, on peut avoir l'impression que la seule chose qui empêchait à la société de faire du business autour de l'oeuvre d'un auteur, c'était l'auteur lui-même.
Il faut parer à toute éventualité, même à la plus inconcevable ou irréaliste. Même au succès après sa mort. C'est pourquoi j'ai dit aujourd'hui à ma femme que si je devais mourir demain (ou en tout cas avant elle), elle toucherait bien sûr les droits sur la vente de mes ebooks et sur les exemplaires imprimés à la demande via Createspace, et nos descendants si le cas se présente, jusqu'aux 70 ans après ma mort, mais que je ne souhaitais aucun business auprès de l'édition traditionnelle.
Oui pour une adaptation auprès d'Hollywood si par extraordinaire il devait y avoir des propositions, mais non à la republication de mes ouvrages par une maison d'édition quelle qu'elle soit. Pas de livres de poche, pas de présence en librairie. Pas tant que les 70 ans après ma mort ne se soient écoulés. Après cette période, le business se fera s'il doit se faire, mais du moins, ce ne seront plus forcément les personnes qui auront vécu pendant que j'étais de ce monde qui tireront les marrons du feu.
On va me dire, c'est égoïste. Certes. Mais c'est aussi pour moi le moyen de rétablir une certaine justice. Les lecteurs auront moyen d'accéder à mes livres après ma mort, mais uniquement sous le format ebook ou sous format papier grâce à Createspace ou un éventuel autre imprimeur à la demande que j'aurais choisi moi-même de mon vivant.
Pourquoi ? Parce que ce sont les deux seuls formats, qui de mon vivant, ont été justes avec moi. Le système traditionnel est tellement inique, tellement déséquilibré contre la très grande majorité des auteurs, que seul un méga succès peut permettre à un auteur de rétablir l'équilibre et d'obtenir des droits corrects.
Anti-système ? En tout cas oui, j'ai toujours trouvé injuste ce qui était arrivé à Van Gogh. L'aveuglement de la société qui consiste à dire "il doit en baver pour être un grand artiste" doit cesser. Est-ce que l'art de Michel-Ange aurait été plus abouti s'il n'avait bénéficié du mécénat d'un prince, et s'il avait dû se serrer la ceinture toute sa vie? Je ne le crois pas.
Le format numérique a donné à tous les auteurs l'espoir d'un vrai changement, changement qui n'a pas pris une ampleur souhaitable pour les artistes en France pour le moment. Les décisions politiques y sont pour beaucoup.
Mais que se passera-t-il si les sociétés technologiques aujourd'hui généreuses en terme de droits d'auteur deviennent les grands prédateurs de demain, me direz-vous? Après tout, elle sont déjà ressenties comme telles.
On ne peut pas tout contrôler. Je fais confiance à ma femme pour s'informer et prendre les décisions que j'aurais prises moi-même.