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Interview de Stéphanie Vecchione de monBestSeller.com

Publié le 10 janvier 2014 par Thibaultdelavaud @t_delavaud

Aujourd’hui, j’accueille Stéphanie Vecchione (Rachel Book sur Facebook), social média manager chez monBestSeller.com, un site d’autopublication dont j’ai souvent parlé sur ce blog. Rachel nous livre dans cette interview son analyse du marché de l’auto-édition et de ses perspectives d’avenir et nous parle de l’actualité de MonBestSeller.com.

monBestSeller.com semble connaître un développement particulièrement marqué ces derniers temps avec, d’une part, le lancement du prix du meilleur livre non édité et, d’autre part, avec la création de packs publicitaire sur les sites Babelio et ActuaLitté. À quelle orientation stratégique correspondent ces deux initiatives ?

Concrètement, nous cherchons des solutions pour donner un coup de projecteur sur les auteurs autoédités ou en recherche d’éditeurs. La vocation du Grand Prix du livre non édité, c’est de donner l’opportunité à un livre d’être adoubé par les lecteurs, puis un jury de professionnels et relayé lors d’une large opération de communication. Les packs web quant à eux permettent de faire la publicité pour son livre sur Babelio et ActuaLitté en augmentant ainsi sa notoriété et sa visibilité auprès d’une population de lecteurs assidus.

D’un point de vue stratégique, il existe actuellement 2 types d’acteurs sur le marché français : ceux qui aident les auteurs à se publier ou s’autoéditer (en proposant souvent des services éditoriaux payants), ceux qui promettent aux auteurs l’édition de leur livre via différents modes de sélection. Mais aucun n’aide les auteurs à développer leur lectorat et à promouvoir leur livre, aucun avant monBestSeller.

Stéphanie Vecchione

Stéphanie Vecchione

Avec la révolution du numérique et de l’autoédition, comment va  évoluer le marché de l’édition dans les prochains mois et les prochaines années ? Quelles sont les opportunités à saisir ?

Le marché anglo-saxon de l’autoédition a commencé à se développer en 2006, il a donc environ 5 années d’avance sur le marché français. L’observer, c’est comprendre quelques directions que le marché français et européen sont susceptibles de prendre :

1. Toujours plus de désintermédiation

Les auteurs et lecteurs américains et anglais ne voient pas l’autoédition comme une tare. Au contraire, c’est une formidable opportunité de maîtriser toute la chaîne.

Rappelons que pour le géant Amazon, seuls deux acteurs comptent : « L’auteur et le lecteur ». Il n’y a donc pas de place pour les éditeurs traditionnels dans ce système.

2. Plus d’éditeurs traditionnel sur le numérique et l’autoédition

Les livres autoédités peuvent devenir des Best Sellers. Outre-Atlantique, les exemples ne manquent pas et en France, il y eu un précédent avec Agnès-Martin Lugand. Je ne pense pas que les éditeurs vont rester les bras croisés à regarder tous ces succès leur passer sous le nez. Le géant américain Pinguin l’a bien compris en déboursant près de 116 millions de dollars pour racheter Author Solutions. Il a d’ailleurs été rejoint par des éditeurs spécialisés comme Harlequin ou Simon&Schuster. Ce n’est pas un investissement inutile : ils peuvent tranquillement observer les livres qui se détachent et vendre des services éditoriaux aux auteurs candidats au succès.

3. Vox populi, vox dei

Avec le numérique, la critique littéraire se démocratise. Ce sont les lecteurs qui font le succès d’un livre, ceux qui laissent des commentaires ou publient une critique sur leur blog. L’émergence d’un livre ne va plus dépendre uniquement des médias mais bien et presque uniquement des lecteurs (avertis ou simplement passionnés).

Du côté des auteurs, la tâche va sûrement être ardue. Plus question de compter sur un éditeur qui se charge des corrections, de la mise en page, de la couverture, de la communication… Privés de conseils avertis, les auteurs autoédités apprennent à tout faire par eux-mêmes en glanant des conseils sur des blogs spécialisés.  Les auteurs vont devenir de vrais entrepreneurs, affrontant contraintes techniques d’un côté et gestion de leur image de l’autre.

« L’émergence d’un livre ne va plus dépendre

uniquement des médias

mais bien et presque uniquement des lecteurs »

La littérature et Internet peuvent-ils faire bon ménage ? Internet ne condamne-t-il pas la littérature à un certain dévoiement, à une mutation forcée ?

Je dirai plutôt à un renouveau, une seconde naissance qui va certes la transformer en profondeur mais aussi libérer les créativités. Déjà les auteurs commencent à exploiter les fonctionnalités du livre multimédia. Penser un livre, ce ne sera plus seulement penser une histoire et des personnages mais penser une expérience pour le lecteur. Photos, animations, 3D…les auteurs vont pouvoir tout imager, et tout réaliser eux-mêmes.

J’ai le sentiment que l’auto-édition est parfois mal perçue et que les lecteurs sont méfiants vis-à-vis des auteurs auto-édités. Les textes de ces derniers sont souvent accusés d’être de faible qualité. Partages-tu ce sentiment et comment réussir à se défaire de cette réputation? À convaincre les lecteurs de tenter leur chance auprès de livres auto-édités ?

Effectivement, certains textes d’auteurs autoédités ont encore besoin de travail : correction, mise en forme, orthographe parfois la narration elle-même pêche un peu. Il faut comprendre que l’autoédition est encore jeune sur le marché français : les auteurs n’ont pas tous encore intégrés les outils mis à leur disposition pour améliorer leur texte. Pourtant, ce n’est pas du tout la majorité des livres autoédités que j’ai lus, bien au contraire. La plupart révélait du talent et parfois même, c’était même vraiment génial.

Convaincre les lecteurs de donner leur chance aux autoédités…hum facile ! Sur monBestSeller, nous avons une dizaine de livres qui ont connu un grand succès et qui sont aujourd’hui acceptés par de grands éditeurs. En tant que lecteur, vous avez deux possibilités : soit vous vous soumettez à ce que les professionnels de l’édition auront choisi pour vous, soit vous décidez de sortir des sentiers battus et de devenir un découvreur. Avoir lu et repéré le livre de demain avant tout le monde, quelle satisfaction.

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Quels conseils donnes-tu aux auteurs auto-édités qui ont du mal à faire connaître leurs écrits ?

Choisissez d’abord un réseau social qui vous plaît : Facebook, Twitter, Google + ou même Pinterest et commencez à interagir sur ce réseau. Posez des questions, intéressez-vous à ce que font les autres, prenez des conseils, et communiquez sur vos centres d’intérêts avant de communiquer sur votre livre. Quand vous parlerez de votre livre, les oreilles autour de vous seront bien plus attentives qu’auparavant. Et vous aurez d’autant plus de forces pour vos prochains projets… car oui, vous ne serez plus seul. 


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