Comme dans les cas précédents, le déploiement concernera d'abord le segment de la gestion de fortune, où Watson sera chargé d'assister les conseillers dans leur travail quotidien. Grâce à sa capacité à digérer et analyser des masses d'information colossales (sur les produits de la banque, sur l'environnement, par exemple économique, sur les clients et leurs préférences…), le système doit être en mesure d'émettre des recommandations plus performantes et mieux personnalisées.
Bien entendu, l'utilisation de Watson – dont il s'agira d'une des premières implémentations en version « cloud » – dans d'autres métiers de l'établissement est déjà envisagée et différents scénarios sont en cours de préparation. De manière générale, il sera positionné comme un des éléments de réponse de la banque face à l'émergence d'une nouvelle catégorie de clientèle, extrêmement exigeante, toujours connectée et maîtrisant souvent mieux les produits financiers que le conseiller professionnel.
Certes, ce n'est pas un seul contrat supplémentaire – dont la mise en production n'est, de plus, prévue que pour le deuxième semestre 2014 – qui fera changer d'avis les oiseaux de augure, inquiets du modeste développement commercial de la nouvelle technologie d'IBM. Et il est vrai que la mise au point des applications exploitant ses capacités s'avère visiblement plus complexe qu'imaginé initialement. Ces difficultés ne devraient cependant pas constituer une surprise majeure pour une vision aussi ambitieuse.
Surtout, la réalité, parfaitement exprimée par l'un des dirigeants de DBS Bank, est que Watson est un précurseur d'un changement d'ère informatique. Et lorsqu'il précise que la banque transactionnelle, née il y a 50 ans avec les premiers ordinateurs (mainframes), va se transformer en une banque basée sur la connaissance, il décrit en même temps la révolution qu'est en train de vivre IBM, passant de constructeur de machines à fournisseur de systèmes (logiciels) cognitifs.
Ceux qui pensent que ce changement de modèle ne va pas assez vite devraient se rendre compte de l'ampleur du phénomène que nous vivons actuellement. Ainsi, quand 2 chercheurs américains concluent [PDF] que près de la moitié des emplois américains – dont une proportion de plus en plus importante dans des métiers de la connaissance – sont menacés à court ou moyen terme par les progrès des technologies, Watson et équivalents en tête, le sujet prend immédiatement plus de consistance.
Conclusion, même si IBM prend quelques années de retard et se voit contrainte d'investir (beaucoup) plus que prévu (en particulier dans les expertises nécessaires à la mise en œuvre), il ne fait aucun doute que la direction qu'elle prend ne sera pas remise en cause de sitôt, même si elle représente un immense pari sur l'avenir : il s'agit bien d'une question de survie. Et, dans une certaine mesure, il pourrait en être de même pour les banques, puisqu'elles seront parmi les premières à subir la révolution des usages !